Une industrie en crise, en l'occurrence celle de la musique enregistrée, ne tient pas à exhiber ses tumeurs malignes. On ressent néanmoins de l'anxiété à la direction de sa principale organisation, l'ADISQ, maître d'oeuvre des 16e Rencontres québécoises de l'industrie de la musique qui reviennent en avril, plus précisément mardi et mercredi à l'UQAM.

«Certains ne souhaitent pas qu'on fasse état de la situation dramatique de l'industrie de la musique enregistrée, mais il faut quand même le faire», tranche Solange Drouin. À l'orée des Rencontres, la directrice générale de l'ADISQ se montre «très inquiète de la situation des revenus autonomes que l'internet permet de récupérer au chapitre de la musique enregistrée».

On pourrait d'ailleurs s'étonner qu'elle tienne ce discours après plusieurs années de déclin des revenus de la musique enregistrée pour les raisons qu'on sait, statistiques récentes à l'appui: baisse de 14% des ventes de musique enregistrée au Canada de 2009 à 2010, déclin de 11% au Québec .

«D'accord, réplique-t-elle, ça fait plus de dix ans que ça ne va pas bien dans le monde et depuis 2005 au Québec. Mais on avait espoir que des modèles d'affaires se développent. Aujourd'hui, les modèles d'affaires se développent mais... les sommes qui reviennent aux créateurs et leurs partenaires sont minimes.»

En d'autres termes, les iTunes de ce monde et la croissance récente des plateformes légales d'écoute (ou de visionnement) en continu ne rapportent pas grand-chose à ceux qui créent et produisent les contenus.

«Dans un petit marché comme le nôtre, renchérit Solange Drouin, le niveau de difficultés devient intenable. Le niveau de risque est trop élevé. Il faut revoir l'ensemble de la structure du financement de la musique enregistrée, tant publique que privée.» D'où la tenue d'un panel intitulé «Financement de la production musicale: vers de nouveaux modèles?»

À ces 16e Rencontres, il sera aussi question des médias sociaux et des balises éthiques qui doivent y être posées par les industries culturelles. On abordera l'Agenda 21 de la culture, démarche collective initiée par la ministre de la Culture, des Communications et de la Condition féminine dont l'objectif principal consiste à faire reconnaître la culture comme une dimension fondamentale du développement durable de la société québécoise au même titre que le social, l'économique et l'environnement. On se penchera sur les «scalpers» de la Toile, c'est-à-dire du phénomène de la revente en ligne de billets de spectacles. On fera le post-mortem du projet de loi C-32 sur l'actualisation du droit d'auteur, disparu dans la foulée des élections fédérales. La gestion des actifs des producteurs devrait en intéresser plus d'un, tout comme la libération des droits pour les nouvelles applications de la musique dans un environnement numérique. Et l'on ne compte pas les ateliers de discussion où deux représentants de maillons clés de l'industrie de la musique et des variétés échangeront avec les participants.

Entre autres présentations, on retient celle de François Macerola, président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) qui entretiendra les participants d'Option Culture, virage numérique, «vaste consultation lancée l'automne dernier afin de définir les axes d'action prioritaires pour aider les secteurs culturels québécois à s'implanter dans la nouvelle économie numérique».

Plus locales cette années, ces rencontres professionnelles feront tout de même appel à quelques experts venus de l'étranger, notamment le Britannique Neil Cartwright, à la tête de Media Junction, l'une des plus importantes agences de mise en marché dans le domaine des arts et du divertissement au Royaume-Uni. Il suggérera  plusieurs manières de commercialiser à faibles coûts la musique dans un environnement numérique.