Sans doute un peu soulagée d'avoir passé avec succès le test de la première de son nouveau spectacle, c'est une Céline Dion détendue et vive d'esprit qui a répondu aux questions des journalistes venus d'Amérique du Nord et d'Europe en fin de soirée mardi. Quand un journaliste d'enquête de TF1 lui a demandé, «Vous avez dit que vous allaitiez; comment ça se passe?» elle a répondu du tac au tac: «Un sein à la fois.» On passe à une autre question.

Pendant une heure, la chanteuse a répondu gentiment à toutes les questions, même celle d'un journaliste de Canal + qui voulait qu'elle s'engage, lors de son prochain séjour en France, à passer au Grand Journal où, disait-il un tantinet flagorneur, on l'a déjà taquinée mais où on l'aime bien. «Vous savez, j'ai un grand sens de l'humour», lui a-t-elle répondu. On lui a également demandé son opinion sur le tsunami au Japon, la violence au Mexique et son rôle dans la reprise de l'économie à Las Vegas. Un peu plus et on lui parlait de Zdeno Chara.

Trouve-t-elle difficile de retourner travailler cinq mois après avoir accouché de jumeaux? Au contraire, ses enfants donnent un sens à sa vie, dit-elle. «Depuis que je sais le rôle que j'ai à jouer avec mes enfants, je n'ai plus besoin de me prouver (quoi que ce soit) en tant que chanteuse», déclare-t-elle. À 43 ans bientôt, elle commence à comprendre mieux le véritable sens des mots, même si elle a toujours chanté avec passion et émotion. Elle dit même: «Je trouve que je chante mieux depuis que je suis mère. Ça serait dommage que je ne me paie pas ce trip-là.»

Céline Dion nous a avoué qu'elle était parfois lasse de chanter My Heart Will Go On en rappel. Cette chanson associée au film Titanic qu'elle n'aurait jamais enregistrée n'eût été de son mari-imprésario, et qui, reconnaît-elle, est devenue sa «signature», elle voulait la chanter en tout début de son nouveau spectacle comme pour la «contourner» ou la rafraîchir. «René m'a regardée et a dit: Je ne pense pas (...) Je pense que tous mes spectacles vont se terminer par My Heart Will Go On jusqu'à la fin de mes jours! C'est un beau problème. Avant de la chanter, je me dis oh God - elle se met à la fredonner - mais quand je vois les visages des gens, ils veulent tellement l'entendre qu'ils me donnent le goût de la chanter.»

Plusieurs notes

Elle se sent bien dans son nouveau spectacle dont elle apprécie le grand orchestre, les éclairages et projections, le son, les tenues de scène et les différentes couleurs qu'apporte une sélection de chansons éclectique. «On n'est pas tout le temps sur la même note», constate-t-elle.

De l'emprunt au répertoire d'Ella Fitzgerald - You'll Have to Swing It (Mr. Paganini) - elle dira que ça lui faisait un peu peur: «Je ne suis pas une chanteuse de jazz. On s'amuse beaucoup à le faire et si ça passe, tant mieux. J'étais un peu sceptique. Je peux avoir beaucoup de plaisir, mais je chante pour les fans, pour les divertir. S'ils ne l'aiment pas, on va l'enlever. Donc j'étais curieuse (de voir leur réaction) et quand j'ai entendu un cri, j'étais vraiment surprise et heureuse.»

Quand elle chante Ne me quitte pas de Brel, un grand moment d'émotion de la soirée, elle ne pense à personne en particulier: «J'essaie de ne pas penser à René ni à un de mes trois enfants, sinon je ne serais pas capable de la finir; je serais bouleversée. Je pense à l'amour que j'ai dans ma famille plutôt qu'à une personne. C'est une chanson très émotionnelle, très difficile. Je veux que l'émotion passe, mais pas trop fort, ni trop vite.»

L'émotion, un élément essentiel de la musique, revient souvent dans ses réponses. «Je suis un livre ouvert, dit-elle sans qu'on s'en étonne. Le monde sait que j'ai eu deux beaux bébés. Les gens me connaissent mieux donc je n'ai pas besoin de me vendre. J'aime partager ma vie privée, ça m'aide à rendre mes chansons sur scène, sinon il manque quelque chose.»