En août 2009, Noel Gallagher quittait Oasis avec pertes et fracas. Son frère ennemi Liam reprend le flambeau avec ses anciens acolytes sous le nom de Beady Eye, avec un objectif simple: «jouer une musique fantastique, inspirer les gens et ne pas faire de courbettes», dit-il à l'AFP.

28 août 2009. Quelques minutes avant le concert de clôture du festival Rock en Seine à Paris, une énième dispute éclate entre les frères Noel (guitariste) et Liam (chant) Gallagher, les deux membres fondateurs d'Oasis.

L'aîné Noel claque la porte, signant la fin du plus populaire groupe anglais de ces vingt dernières années.

«Dès le lendemain», Liam demande aux autres membres d'Oasis (le guitariste Gem Archer, le bassiste Andy Bell et le batteur Chris Sharrock) s'ils veulent continuer à faire de la musique avec lui.

Le charismatique chanteur dit n'avoir pas une seconde envisagé d'arrêter la musique, ni de continuer sous la bannière Oasis. Les autres musiciens ont-ils hésité à le rejoindre? «Non», assure Gem Archer. «Car c'est Noel qui a quitté Oasis. Il ne leur a pas demandé s'ils voulaient venir avec lui», tranche Liam Gallagher.

Réputé pour ses querelles d'ego avec son aîné, il dément avoir voulu prendre une «revanche» sur son frère. Beady Eye en a pourtant le parfum.

Noel Gallagher était le principal auteur-compositeur d'Oasis et aimait à se présenter comme le pilier sans lequel le groupe ne tiendrait pas debout.

«Je pense que chacun d'entre nous était un force créative dans Oasis. Les gens savent que nous avons apporté beaucoup de choses», estime Liam Gallagher.

Toujours est-il que fans et critiques ont accueilli la nouvelle formation avec un mélange d'impatience, de curiosité et de scepticisme.

«Nous sommes des débutants, avec un héritage», résume Gem Archer, pour expliquer l'étrange position dans laquelle se trouve Beady Eye, qui fera ses débuts à Paris sur la modeste scène du Nouveau Casino en mars.

«Different Gear, Still Speeding, le premier album de Beady Eye publié lundi, n'approche pas les sommets atteints sur les débuts d'Oasis Definitely Maybe et (What's the Story) Morning Glory. Mais il soutient largement la comparaison avec les derniers albums du groupe.

Le disque baigne dans le rock anglais des années 60, des Kinks aux Small Faces, au point qu'une chanson s'intitule même simplement Beatles and Stones.

«Ça ne sert à rien de dire: «prenons une nouvelle direction, essayons de réinventer la roue!» Ces groupes ont écrit la meilleure des musiques, leurs albums sonnent toujours de façon fantastique. C'est avec eux que je veux être sur le ring», explique Liam Gallagher.

«Que ce soit pour les fringues, les chaussures, la déco, nous adorons tout ce qui est classique», ajoute le musicien, qui a récemment lancé sa ligne de vêtements.

Si la musique n'est pas avant-gardiste, Beady Eye utilise ces influences avec une fraîcheur et un enthousiasme qui avaient déserté Oasis au cours des dernières années. Une dynamique que le groupe attribue à sa nouvelle façon de fonctionner, plus démocratique.

«Noel avait toujours une idée de ce à quoi l'album devait ressembler. Cette fois-ci, nous étions tous les quatre sur la même longueur d'onde», affirme Liam Gallagher.

«Je sens déjà que Beady Eye est spécial et nous devons faire en sorte que ça le reste, veiller à ne pas étouffer la vie qu'il y a dans ce groupe», confie Gem Archer.