Elle a grandi à Québec, mais sa mère est née en Suisse et son père est un musicien texan, d'où les racines folk de sa musique. À 25 ans, Emilie Clepper fait preuve d'une grande maturité musicale avec son deuxième album, What You See.

Élevée dans une campagne éloignée de la ville de Québec, Emilie Clepper a commencé à gratter la guitare à l'âge de 11 ans. Quand son père est retourné vivre dans son Texas natal, elle s'est mise à faire régulièrement la navette entre Austin et Québec. D'un voyage à l'autre, elle a rencontré des musiciens qui ont nourri son inspiration.

Emilie Clepper est une autodidacte. «Je n'ai jamais suivi de cours de guitare ou de voix, mais il y a toujours eu des instruments de musique autour de moi. Mes principales influences sont mon père et mon frère, explique-t-elle. J'ai acheté deux CD dans ma vie. J'écoute la musique des gens que je rencontre.»

Emilie Clepper affectionne le folk de Bob Dylan et de Paul Simon, mais elle en incarne aussi l'esprit d'origine: elle fait son petit bout de chemin avec sa guitare sur le dos, au fil de voyages et de rencontres. En 2008, la jeune femme a lancé un premier album indépendant intitulé Things May Come qui a fait dire à plusieurs qu'elle était le secret le mieux gardé de Québec. La même année, Emilie Clepper a assuré la première partie du spectacle de Feist et Stars au Festival d'été. Elle a aussi été invitée au Festival de jazz, l'été dernier. «Cela m'a aidée à passer à autre chose.»

L'an dernier, elle a fait la rencontre de Joe Grass (Lhasa), qui a réalisé What You See, dans un festival en Suisse. Il y a eu un jam au bord d'un lac, où est née une grande complicité musicale. «Joe Grass a les mêmes influences que mon père.»

Emilie Clepper voulait que What You See ait le côté brut du premier album, mais avec un son plus enveloppant et texturé. Mission accomplie. Les chansons ont l'effet réconfortant d'un feu de foyer.

La voix riche d'Emilie Clepper évoque celle de plusieurs artistes, mais de personne en particulier. «C'est ce que j'aime entendre», dit la principale intéressée.

What You See comprend des chansons écrites l'automne dernier, mais d'autres qui datent de plusieurs années. «J'aime inclure des chansons moins récentes. Les chansons ont eu le temps de mûrir et de prendre de l'âge.»

Autant l'auteure-compositeure-interprète aime partager la scène avec d'autres musiciens, autant l'écriture et la composition se font en solo. «Je ne suis pas capable d'écrire avec d'autres gens. Pour moi, l'écriture est un moment de solitude.»

»Conserver mon truc»

What You See sort avec l'étiquette La Tribu, mais il ne s'agit que d'un contrat de licence. «Je veux garder le dernier mot sur mon travail et être en contrôle de ce que je fais», explique Emilie Clepper.

En entrevue, c'est manifeste dès la première poignée de main: la jeune femme déteste les faux-semblants. Elle est no bullshit, acquiesce-t-elle. Les liens qu'elle tisse avec des gens de l'industrie doivent être «humains». «C'est dur de rester soi-même dans l'industrie, dit-elle. Mon défi, c'est de conserver mon truc.»

C'est pour cela qu'elle apprécie ses visites au Texas. «Là-bas, je travaille sur ma musique et pas sur ma carrière.»

Au cours des prochaines semaines, Emilie Clepper se produira «à la maison», à Austin, au festival South by Southwest.

Pas mal pour une fille qui fait les choses à sa manière.