Vous ne vous êtes pas débarrassé du blues de l'hiver? Ce concert, prévu demain soir, fera l'affaire: Best Coast et Wavves, le nouveau son pop garage californien, échevelé, débilement punk, attitude débonnaire et guitares irradiantes en prime. Un groupe local contrastera avec la vibe californienne, proposant des guitares et ambiances mélodieuses et énergiques, mais ténébreuses: No Joy, duo noise-pop montréalais promis à de belles choses à la veille de son passage attendu au festival South By Southwest d'Austin.

«Tourner avec ces deux-là est vraiment génial; nos soirées se terminent par des partys impromptus, il y a parfois du sang qui coule...» blague Jasmine White-Gluz qui, avec son amie Laura Lloyd, jeune musicienne originaire de la Colombie-Britannique, a formé No Joy il y a à peine plus d'un an.

«Ces deux-là» sont Bethany Cosentino, leader de Best Coast, et Nathan Williams, tête brûlée de Wavves, nouveau couple chouchou de la scène rock indé américaine. Deux Californiens qui, pour la première fois, ont entrepris une tournée en Amérique du Nord ensemble, invitant les Montréalaises à se joindre à la fête.

D'étranges créatures musicales que Cosentino et Williams; la première doit sa notoriété autant à ses fameuses chansons qu'à son affection pour la race féline, particularité qui a participé au succès viral de Best Coast, notamment via un concours lancé en partenariat avec le site icanhazcheezburger.com. Quant à Williams, dont les premières expériences de scène s'étaient avérées notoirement désastreuses, il entretient le mythe du Californien fumeur de pot jusqu'à vendre en concert du papier à rouler et des hachoirs à cannabis personnalisés.

Rumeur forte

La rumeur est forte pour Best Coast et Wavves, et elle rejaillit sur No Joy, dont le premier album, Ghost Blonde, a été lancé l'automne dernier sur Mexican Summer, le label américain qui accueille le groupe de Cosentino.

«Juste de jouer au Webster Hall (importante salle new-yorkaise) est une grosse affaire pour nous», insiste au bout du fil Jasmine sur un ton pétillant, ce qui a pour effet de dissiper la morosité toute shoegaze du genre de rock que formule No Joy - musicalement, tout est dans le nom du groupe... «On passe notre temps à dire que tout ce qui nous arrive est très bizarre... Ça ne fait pas longtemps qu'on travaille ensemble, alors de jouer dans de grosses salles, avec des groupes qu'on adore, c'est super.»

Le duo s'est formé il y a un peu plus d'un an «juste parce qu'on aime jouer de la guitare - même si on n'en joue pas très bien», dit Jasmine, candide. «Nous deux avions joué dans plein d'autres groupes avant, mais celui-là nous a convaincues de continuer.» En avril dernier, No Joy ouvrait pour une première fois un concert de Best Coast à Montréal.

«Ce n'est pourtant pas ça qui a été déterminant pour nous, indique la musicienne. Quelques semaines plus tard, quelqu'un du label Mexican Summer a trouvé notre page web, y a écouté deux chansons qu'on avait affichées, juste comme ça, sans trop y penser...» Les jeunes femmes n'avaient pas l'âge d'apprécier le rock shoegaze des années 80 et 90 auquel on les compare, elles et une poignée d'autres formations issues de la même génération de musiciens: «On ne connaissait aucun de ces autres jeunes groupes qui font le même genre de rock que nous... Les modes, en musique, c'est cyclique, j'imagine», s'explique simplement la Montréalaise.

Moins d'un an plus tard, à bord de la tournée indie rock américaine la plus médiatisée, No Joy fait monter les enchères. Attendues au South By Southwest d'Austin, les filles (et les deux autres musiciens qui se joignent à elles pour les concerts) ont huit performances déjà prévues, un signe qui ne ment pas. Après quoi, No Joy investit l'Europe pour la première fois, assurant la première partie de la tournée de Surfer Blood.

«Sur disque, on a un peu capoté avec le mix et les guitares, de sorte que sur scène, c'est plus brut, plus pesant, bruyant. C'est vrai que notre son tranche avec celui, plus léger, de Wavves et Best Coast, mais j'ai vraiment l'impression que le mélange fonctionne bien en concert. À ce jour, tous les concerts qu'on a donnés ensemble ont l'air de bien marcher; c'est étrange, mais ça se tient», assure Jasmine. À voir demain soir, au Cabaret du Mile End.