La Suédoise Robyn fait la meilleure pop-dance de l'heure. Pourquoi alors s'attarde-t-on autant aux bluettes de Katy Perry, Ke$ha, GaGa et autres Britney de ce monde? Mystère que la principale intéressée ne cherche même plus à s'expliquer, elle qui a conclu, fin novembre, son triptyque Body Talk, impeccable collection de tubes eurodance qu'elle offrira sur scène, au Métropolis, jeudi prochain.

«Mon public est passionné de musique», croit Robyn, qui a interrompu ses vacances pour nous accorder cette entrevue. «Il apprécie ma pop, même si ce n'est pas forcément son genre musical préféré. En tout cas, j'ai parfois l'impression que si les gens aiment la pop, ils recherchent d'abord autre chose que la pop de club que je fais.»

Hors de sa Suède natale, où Robyn est un personnage public depuis son enfance -née de parents acteurs, elle a débuté tôt dans le métier avant de lancer son premier album à l'âge de 15 ans-, la chanteuse attire un auditoire beaucoup plus diversifié que celui des Spears, Perry et compagnie.

«Beaucoup de gens de la communauté gaie et lesbienne, dit-elle, ceux qui ont aimé mes chansons depuis le tout début, puis les hipsters, les intellos... Un mélange amusant: il m'arrive de scruter la foule pendant mes concerts en me demandant comment autant de gens différents peuvent se retrouver dans une même salle!»

Là s'arrête l'analyse de Robyn. «Qu'est-ce qu'il y a dans ma musique qui attire ces gens-là? C'est à vous d'y répondre, pas à moi...»

Robyn, blonde platinée au regard vert perçant, a un look d'esthète qui n'a rien de plastique. Rien de préfabriqué, de prédigéré pour les radios commerciales. L'auteure, compositrice et interprète dégage une franchise et une authenticité qui tranchent avec le carnaval de Lady Gaga, la façade calculée de Perry ou la provoc' à cinq sous de Ke$ha. Et elle a de bonnes chansons. Oh! les autres aussi, direz-vous. Donnez-vous cependant la peine d'écouter les trois albums qu'elle a lancés au cours des 12 derniers mois, Body Talk vol. 1, 2 et 3, colligés en une sorte de  best of sur le dernier volume, lancé en novembre dernier. Pas une qui ne manque la cible.

Ses chansons jonglent avec le sérieux et la fête. Ses arrangements sont dans la pure tradition eurodance perpétuée depuis les mythiques ABBA par ces populaires producteurs suédois cités dans les palmarès -un de ses collaborateurs, Max Martin, a coécrit avec Dr. Luke le dernier simple de Britney, Hold it Against Me.

Rien n'est calculé chez Robyn, même lorsqu'elle lance trois albums dans la même année, un geste de libération après avoir lâché BMG pour fonder son propre label, Konichiwa.

«C'est une décision égoïste de ma part, explique Robyn. Je voulais explorer d'autres façons de travailler.» Surtout refuser d'entrer dans le moule. «Pas envie du cycle, pas envie d'enregistrer un disque, d'attendre qu'il sorte, de partir en tournée pendant un an ou deux avant de retourner en studio. Ça m'ennuie, cette façon de faire.»

Alternant entre le studio et la scène (Robyn garde un bon souvenir de son concert à Osheaga l'été dernier), elle a réuni ses amis, Max Martin, le producteur Klas Åhlund, Röyksopp, même l'Américain Diplo qui lui offre le monstrueux riddim reggae-électro-dubstep de Dancehall Queen. «La seule constante de ces trois disques, c'est qu'en composant et enregistrant les morceaux, j'avais toujours une oreille portée vers le plancher de danse. Mais ça reste pour moi de la pop, la mélodie l'emportant sur tout.»

Sur scène aussi. «Mes concerts sont très simples. Pas d'explosion, pas d'artifices technologiques. Tout pour la musique, avec l'espoir de faire danser le public.» Deux batteurs, deux claviéristes, et la chanteuse qui déballe sa cargaison de succès.

En près de 15 ans de carrière, Robyn, 31 ans, n'a pas tout dit; il lui reste encore à réclamer sa juste place parmi les plus brillantes étoiles de la pop. «J'ai déjà commencé à travailler sur mon prochain album. Même si je ne tiens pas à lancer trois disques par an, je ne veux pas traîner avant d'offrir du nouveau matériel.»

On n'a jamais trop de Robyn.Robyn, au Métropolis, le 27 janvier, à 20h.