La collection de vins prestigieux du compositeur britannique Andrew Lloyd Webber sera mise aux enchères ce week-end à Hong Kong, signe supplémentaire du dynamisme de l'Asie dans l'achat et la consommation de grands crus.

Le compositeur de Cats et du Fantôme de l'opéra a compris qu'il ne pourrait jamais boire à lui tout seul son stock de fabuleuses bouteilles et il a décidé, il y a quelques mois, de les proposer aux connaisseurs très fortunés en Asie.

Selon Serena Sutcliffe, responsable de la branche vins de Sotheby's, qui organise ces enchères, la vente Lloyd Weber souligne l'importance croissante de l'Asie sur la scène viticole mondiale. Cette vente pourrait atteindre 4 millions $US.

Les acheteurs viennent de tous les pays de la région, y compris Taïwan, Singapour et l'Indonésie, «mais tout en haut de l'échelle, on trouve les très riches Chinois du continent», déclare-t-elle. «Les personnes là-bas achètent toute sorte de marques de luxe».

La firme de ventes aux enchères de vins Acker Merrall and Condit réalise à présent 65 % de son activité en Asie, contre seulement 25 % il y a trois ans, indique John Kapon, son directeur général, qui organise une vente de 9 millions $ cette semaine à Hong Kong.

«C'est en partie parce que le vin est un symbole du statut social», déclare-t-il à l'AFP. «Et certains ne veulent acheter que le meilleur».

Hong Kong est le troisième centre mondial des ventes aux enchères, après New York et Londres, en raison notamment du nombre croissant de millionnaires chinois.

Les Chinois du continent sont des clients réguliers lors des ventes les plus prestigieuses d'objets d'art, de bijoux ou de vins, et Hong Kong est une plateforme pour le vin en Asie et une formidable porte d'entrée pour la Chine.

«La plupart de l'activité est centrée à Hong Kong en raison de la situation géographique du territoire, de son côté international et de la forte concentration de personnes fortunées», ajoute John Kapon.

En 2010, Sotheby's a vendu à lui seul pour 52 millions $US de vins très haut de gamme à Hong Kong, soit deux fois plus que les ventes réalisées à Londres et trois fois plus qu'à New York.

Mais contrairement à certains acheteurs occidentaux, beaucoup d'acquéreurs asiatiques n'achètent pas des bouteilles de luxe pour les conserver de longues années dans des caves à la température idéale.

«Ils font sauter le bouchon», déclare Serena Sutcliffe à l'AFP. «Ils n'hésitent pas à boire les vins les plus chers, beaucoup plus qu'ailleurs».

Mme Sutcliffe attribue cet enthousiasme à «la tradition d'hospitalité» de l'Asie et au souhait d'impressionner les partenaires commerciaux, un ingrédient crucial à la signature des contrats.

Andrew Lloyd Webber a décidé il y a quelques mois de vendre une partie de sa collection après avoir compris qu'on pouvait en fait posséder trop de belles choses.

«Le problème, c'est qu'une fois qu'on est tombé amoureux du vin, on n'agit plus forcément de façon rationnelle», disait-il au Wall Street Journal.

«Quelqu'un va m'appeler et me dire: «Andrew, pour l'amour de Dieu, il y a vraiment une belle caisse de ceci ou de cela et tu devrais l'acheter» et moi je dis toujours oui», ajoutait-il. «Mais il arrive un moment où l'on se demande s'il est réaliste de penser que l'on va pouvoir boire tout ça».

Au total, 747 lots seront vendus samedi et comprennent 21 caisses de Chateau Mouton Rothschild 2005 et quatre caisses de Chateau Haut Brion 1989.

La présence de nombreuses bouteilles de vins français d'exception est un plus aux yeux des acheteurs asiatiques, qui apprécient ces «valeurs sûres», note Mme Sutcliffe.