Ah! Ozzy! Le Prince des Ténèbres... et le grabataire du hard-rock, connu sur scène pour ses cris, ses sauts de grenouille et ses sceaux d'eau versés sur la foule - sans compter les Crazy Train, I Don't Know et autres classiques. Maintenant sobre (c'est lui qui le dit), Osbourne pourrait bien donner, mardi au Centre Bell, son meilleur spectacle depuis des années. Prochain objectif: repartir en tournée avec Black Sabbath.

Après ces décennies d'abus, d'aucuns pourraient s'étonner de savoir Ozzy Osbourne encore de ce monde ou, à tout le moins, encore capable de jouer les rock stars. Des scientifiques, par exemple: une entreprise du Massachusetts a pris contact avec le rockeur pour lui offrir de procéder au séquençage de son ADN, ne serait-ce que pour découvrir comment son organisme a pu survivre à autant de mauvais traitements. Osbourne aura 62 ans la semaine prochaine, perçons le mystère...

 

«Je ne bois plus, je ne prends plus de drogues, je ne fume plus de cigarettes», nous a dit Osbourne, joint plus tôt cette semaine à Vancouver. Nous étions quelques collègues en téléconférence avec le Prince des Ténèbres, lequel nous a paru beaucoup moins confus que ce à quoi nous étions en droit de nous attendre après avoir subi ses incohérentes réparties à la téléréalité The Osbournes. Comme quoi l'abstinence a du bon...

Revigoré, et affable en plus, Mister Osbourne. Il a lancé Scream au cours de l'été, un disque pesant et électrique qui ne figurera pas très haut dans l'oeuvre du chanteur. Mais il n'y avait meilleur prétexte pour que sa femme le renvoie en tournée, cette fois avec un groupe transformé.

Le batteur Mike Bordin, qui le suivait depuis dix ans? Il a été remplacé par celui de Rob Zombie, Tommy Clufetos. Mais la grosse nouvelle fut le limogeage du démoniaque guitariste Zakk Wylde, dans ces circonstances qui ont paru nébuleuses à l'intéressé - soulignons que Sharon Osbourne, épouse et agente d'Ozzy, avait déjà exigé de Wylde qu'il arrête de boire. Wylde est remplacé par un certain Gus G, et on s'ennuie déjà de l'explosive présence scénique du barbu, qui pouvait botter les vieilles fesses molles d'Ozzy, fesses que l'ex-Black Sabbath se plaît toujours à nous dévoiler sur scène.

«C'est rafraîchissant d'intégrer des plus jeunes dans le groupe, mais je tiens à être parfaitement clair: Zakk et moi sommes toujours de bons amis. Éventuellement, j'aurais eu à le remplacer, puisqu'il a son propre groupe, Black Label Society. Et oui, c'est possible, comme certains l'ont dit, que mon groupe ait fini par sonner comme le sien.» Voilà une partie de l'explication.

Bref, on imagine que la hache de guerre entre les deux est enterrée (de plus, Ozzy est le parrain d'un des fils de Wylde). Et de vanter les mérites des deux nouvelles recrues, au talent «phénoménal». Sur quelle base a-t-il fait ses choix? «Ce n'est pas moi qui les ai trouvés, c'est Sharon.» L'omniprésente agente-épouse, qui tire toujours les ficelles de son mari d'Ozzy. Il en parle avec affection, on la sent partout: «Ma participation au Rally to Restore Sanity au début novembre? C'est Sharon qui trouvait que c'était une bonne idée. Je ne connaissais pas Jon Stewart et Steven Colbert. Et la politique américaine, je ne m'y intéresse pas, pas plus d'ailleurs que la politique en Grande-Bretagne...»

Maintenant, abordons le sujet chaud: une éventuelle tournée de Black Sabbath, avec les membres originaux. La question a déjà été soulevée durant cette tournée, alors que Geezer Butler affirmait que des discussions étaient en cours. Nébuleux sur le sujet il y a quelques jours, Ozzy ouvre aujourd'hui clairement la porte à cette réjouissante éventualité: «Je ne peux pas en dire beaucoup, mais nous sommes en pourparlers.» Il évoque même un possible nouvel album, autant de projets rendus possibles par l'abandon de poursuites mutuelles entre Tony Iommi et lui, l'été dernier, à propos de la «marque de commerce Black Sabbath».

Vrai que le temps file pour tous, comme l'a brutalement rappelé le décès de Ronnie James Dio (qui avait remplacé Ozzy dans Sabbath) l'été dernier. «Le règlement de notre différend, entre Tony et moi, n'a rien à voir avec la mort de Dio», assure la légende.

«Légende? I am only Ozzy», répond-il, en écho à son autobiographie récente, laquelle pourrait devenir un biopic. «Les gens peuvent m'appeler comme ils le veulent, légende, Prince des Ténèbres. Je suis surtout chanceux. J'aurais pu mourir, j'aurais pu être dans l'avion de Randy Rhodes (ndlr: son ancien as guitariste) quand il s'est écrasé, j'aurais pu crever plein de fois. Je suis chanceux d'être encore en vie.»

Au fait, les scientifiques américains ont découvert qu'Ozzy avait 2,6 fois plus de chances que la moyenne des gens d'halluciner sur le pot, et a une prédisposition six fois plus importante de développer une dépendance à l'alcool et à la cocaïne. Ce qu'Ozzy savait bien sûr déjà. Mais c'était avant...

Ozzy Osbourne, au Centre Bell, le 23 novembre, à 20h.