La présentation 2010 du Coup de coeur francophone - un solide millésime, dans l'ensemble - s'est terminée hier soir au Lion d'or. Profitons-en pour vider notre sac à spectacles du week-end. Et en route vers le 25e anniversaire!

Jérôme Dupuis-Cloutier

Sans doute la plus belle surprise de cette mouture du Coup de coeur francophone. Samedi soir dernier, l'auteur-compositeur-interprète Jérôme Dupuis-Cloutier, qui a récemment lancé chez Indica Gentleman refroidi, son premier album solo, a mis le paquet en dépit d'un répertoire encore limité. En plus du groupe classique (batterie, contrebasse, guitares), Dupuis-Cloutier s'était entouré d'un clarinettiste, d'un tromboniste et de deux choristes - l'une d'elles au violon sur une chanson. Les riches arrangements de l'album y étaient intacts et donnaient beaucoup d'envol aux compositions. Aussi, Dupuis-Cloutier paraissait plus éveillé et dynamique devant son public, ce qui amenuisait la mélancolie latente du disque. Fameux.

Été 67

L'affiche était alléchante vendredi dernier: le rock'n'roll acoustique d'Été 67 combiné au vieux rock électrique de Sunny Duval. Pourtant, ce fut l'une des soirées les moins fréquentées de ce Coup de coeur... Ça n'a pas démonté le sextuor liégeois Été 67, qui a déployé tous ses charmes pour le public montréalais. Déballant surtout le matériel de son plus récent album, Passer la frontière, le groupe belge avait de la gueule en dégainant son swing rock agrémenté de banjo. La chanson vivifiante du groupe présentait sa belle patine sixties - dans le genre «vieux Rolling Stones bluesé». Rien de très original, mais du bon travail.

Alex Nevsky et Daran

Le Cabaret était plein à craquer en ce samedi soir de match de hockey, et on prenait les gageures: les spectateurs étaient-ils venus pour le jeune Nevsky ou pour le vétéran Daran? Le premier a donné un concert solide, beaucoup plus rock et nerveux que ce que l'on connaissait de lui. Quant à Daran, saluons l'originalité de sa proposition: en s'accompagnant seul à la guitare, il a offert son répertoire pendant qu'à sa gauche, un bédéiste illustrait en direct chacune de ses chansons et son travail était projeté sur grand écran (la caméra était posée au-dessus de sa feuille de papier). Joli. «C'est étrange de donner un spectacle quand personne ne nous regarde», blaguait le musicien.

Les Frères Goyette

Au risque de nous répéter, insistons: la série L'Écho des régions au Divan Orange est le meilleur coup de ce 24e Coup de coeur francophone. Une région en vedette par soir, tout plein de découvertes avant d'entendre la tête d'affiche. Les Frères Goyette, maintenant: leur plus récent album, Rencontre du troisième âge, est une affaire alt-country étonnamment touchante dans ses thèmes, qui se défend tout aussi bien dans l'exécution. Sur scène, ça fonctionne moins bien: l'orchestre joue de façon approximative, mais, surtout, le «jeu» du chanteur, sa manière caricaturale de chanter, le masque de ces Goyette (qui ne sont ni frères ni Goyette) est exposé sous les projecteurs. La magie n'opère plus de la même manière que sur l'album. Dommage.