Dimanche dernier se terminait la 14e édition de la FrancoFête en Acadie, à Moncton, provoquant l'affluence des artistes et représentants de la dynamique scène musicale acadienne au Coup de coeur francophone. Trois musiciens y sont au programme: Joseph Edgar, Marie-Philippe Bergeron et Lisa LeBlanc, qui a remporté il y a un mois les grands honneurs du Festival de la chanson de Granby. La relève est forte chez les Cajuns, tendons l'oreille.

Si la dernière année à souri à Radio Radio, qui présente une facette moderne et dynamique de la production musicale acadienne, il faut aussi porter attention aux trois artistes à l'affiche du Coup de coeur, Edgar, Bergeron et LeBlanc, sang neuf de la pop francophone des Maritimes, à des lieues des Jean-François Breau, William LeBouthiller, ou encore un Christian Kit Goguen, très apprécié chez lui, tous des success stories de la scène musicale acadienne.

«Y'a de plus en plus de jeunes qui se démarquent en faisant de la musique excitante et aussi très personnelle», confirme Lisa LeBlanc, rejointe à Moncton. «La musique ici est très influencée par le traditionnel acadien, ça explique que des vieux groupes comme 1755 demeurent populaires. C'est important pour nous, ça nous rapproche de nos racines. Or, ça a mis du temps avant que d'autres musiciens débarquent en disant: le traditionnel, y'a pas juste ça. Des groupes comme Les Païens ou Zéro Degrés Celsius ont fait de la place pour la relève, pour une jeunesse s'exprimant de façon moderne.»

Les représentants de cette relève en vedette au Coup de coeur ont en commun d'être des «diplômés» du Gala de la chanson de Caraquet, qu'on pourrait comparer au Festival de Granby, remporté cette année par la jeune Lisa LeBlanc, auteure, compositrice et interprète folk-rock qui ne manque ni de caractère, ni de personnalité. «J'tannée d'écrire des chansons fi-filles», écrit-elle sur son profil MySpace. Son style est direct et franc, folk électrique barbouillé de blues, sa voix plus vieille que son âge - elle a 20 ans - pousse des rimes décomplexées, comme sur la très bonne chanson intitulée Câlisse-moi là.

«Je viens d'un petit village, Rosaireville, où tout le monde est fier de moi», nous dit LeBlanc, qui laisse paraître dans sa voix un sourire large comme la baie des Chaleurs. Sa jeunesse, raconte Lisa, est faite de musique. De fêtes de famille qui viraient en jam band, elle accompagnant les grands à la guitare et aux choeurs: «Mon école, c'est le rock des années 60 et 70. Ado, pendant que mes amis sortaient, moi, je chillais avec mes mononcles pour jouer de la musique dans le garage.»

Elle a fait les manchettes du quotidien l'Acadie Nouvelle pendant tout son parcours à Granby, parcours qu'elle chroniquait sur un blogue du site CapAcadie.com avec la candeur et la verve qu'on apprécie chez elle. À propos notamment de cette remise en question qu'elle a traversée par rapport à ce métier de musicienne.

«C'est passé, assure-t-elle. Avant, j'en parlais, je n'étais pas certaine. Après Granby, j'ai cliqué: c'est ça que je veux faire». Décidée, quitte à s'exiler de Rosaireville: déjà en plein démarchage pendant le Coup de coeur, elle compte s'installer à Montréal en décembre pour travailler sur son premier album. Des concerts en France sont aussi à prévoir dans les prochains mois, alors qu'elle ira suivre un atelier d'écriture parrainé par Francis Cabrel... et un spectacle à Dakar, au Sénégal, est déjà à l'agenda pour la semaine prochaine!

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Lisa LeBlanc, qu'on dit sur scène comme un poisson dans l'eau, sera aujourd'hui au Bistro In Vivo pour la série Midi-spectacle (13 h 30), avec Marie-Philippe Bergeron et Catherine Durand, puis assurera la première partie de Marie-Pierre Arthur vendredi soir au Cabaret Juste pour Rire. Joseph Edgar se produira en première partie de Dany Placard ce soir, à l'Escogriffe.