Mario Labbé, président-fondateur de l'étiquette de musique classique Analekta, n'a manqué aucune des 31 moutures du gala de l'ADISQ. Si, selon lui, «il ne devrait y avoir aucune catégorie artistique hors d'ondes», il se réjouit du fait que l'autre gala de l'ADISQ soit télédiffusé depuis 2005. «Nous sommes passés d'un bordel total, d'une cacophonie de gens de l'industrie un peu paquetés, à quelque chose qui a l'air d'un gala, indique-t-il. Ça reste des cotes d'écoute marginales, mais c'est un gala agréable.»

Vincent Vallières est l'un des artistes qui se produiront ce soir à l'autre gala de l'ADISQ, avec Damien Robitalle, Bernard Adamus et Radio Radio. Pour la deuxième année, l'animation a été confiée à Rémi-Pierre Paquin et la télédiffusion à MusiquePlus/MusiMax.

À l'époque de son album Chacun dans son espace, Vallières se souvient d'avoir joué L'avenir est plus proche qu'avant au gala hors d'ondes. «À l'époque, c'était une succession de prix. Ça allait moins bien...», indique-t-il. (D'ailleurs, le bar est maintenant fermé pendant l'Autre Gala.)

Vallières est seulement en nomination au gala principal, mais il est heureux de se produire sur la scène du Métropolis pendant l'autre gala. «C'est Olivier Langevin (Galaxie 500) qui sera le chef d'orchestre, souligne-t-il. C'est un bon choix pour ce type de gala.»

L'ADISQ a su insuffler quelque chose de cool à l'autre gala. «Maintenant, il n'y a plus de cloisons hermétiques entre les deux galas, indique la productrice Céline Laberge. Avant, dans la perception des gens, c'était le gala des pas connus. Ce n'est plus vrai. Regarde, Damien Robitaille va se produire à l'autre gala, et c'est lui qui a le plus de nominations au total cette année.»

Céline Laberge souligne que des catégories importantes comme celles de l'album le plus vendu, de l'artiste s'étant le plus illustré hors Québec et même celle de l'album populaire sont dans l'autre gala cette année.

Quarante catégories au total

Le gala et l'autre gala sont télévisés, alors que celui de l'industrie ne l'est pas. S'il y a trois remises de prix, c'est qu'il faut récompenser les artisans dans plus de 50 catégories. Dans un monde idéal, tous les artistes et artisans en nomination auraient la même visibilité. Hélas, c'est impossible de plaire à tous.

«Il y a 20 ans, il y avait une poignée de 20-25 chanteurs qui avaient 80 % des parts de l'industrie. Aujourd'hui, c'est drôlement plus éclaté», souligne Mario Labbé.

«La musique classique représente de 7 à 10 % du marché au Québec, poursuit-il. Il y a des baby-boomers qui ont vieilli et qui sont passés de Pink Floyd à Mozart. En mettant les catégories classique hors d'ondes, on les déconnecte du public, déplore-t-il. Mais c'est un choix éditorial.»

«C'est une erreur de penser que certains Félix valent moins que d'autres», souligne Vincent Vallières. Mais si les artistes ont des attentes, l'ADISQ a différentes contraintes, dont les cotes d'écoute, rappelle-t-il.

Année après année, le gala de l'ADISQ s'attire des critiques: il mise trop sur l'industrie et pas assez sur la créativité musicale, il préfère certaines catégories à d'autres, il en coûte trop cher pour s'inscrire, etc.

«Nous sommes dans une industrie qui évolue rapidement, indique Céline Laberge, productrice du gala. L'ADISQ a une grande capacité à se renouveler et à se remettre en question.»

Est-il possible de faire un gala sans discrimination artistique? Même le Gala alternatif de la musique indépendante du Québec (GAMIQ) a décidé, pour sa cinquième présentation, d'exclure les artistes indépendants ayant de la visibilité sur les «réseaux commerciaux», dont celui de l'ADISQ.

Conclusion? Qui dit gala dit chicanes et mécontentement?

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L'autre gala de l'ADISQ est diffusé ce soir en direct sur les ondes de MusiquePlus et MusiMax, à partir de 20 h.