Daniel Bélanger remonte sur scène avec les chansons de son album Nous. Ses récentes aventures théâtrales l'incitent toutefois à considérer son avenir dans la musique instrumentale. Tout dépendra de ce qu'il trouvera dans sa boîte à outils...

L'automne dernier, au moment de la parution de son album Nous, Daniel Bélanger ne pouvait envisager de le transposer sur scène avant 2011. Quelques mois plus tôt, il venait de conclure non pas une, mais deux tournées: celle de L'échec du matériel, avec son groupe, et une autre en solo. Puis, il devait mener à terme deux autres projets: la musique de Paradis perdu et celle de Belles-soeurs.

«Ça me faisait quelque chose de ne pas faire ce disque-là en show, raconte le chanteur et compositeur, presque un an plus tard. Je me disais: ça va péter, ce sont des tounes de spectacle!» Nourri de groove, marqué par de dynamiques ruptures rythmiques, des cuivres bien astiqués et de goûteuses séquences instrumentales, les chansons de Nous semblent en effet taillées sur mesure pour être interprétées sur scène.

Ce que Daniel Bélanger fera finalement, mais pas pour longtemps: seuls 16 spectacles figurent à son calendrier d'ici la mi-décembre. Deux représentations sont prévues au Métropolis et plusieurs autres en périphérie de Montréal. «Je ne pense pas que je pourrais faire plus de spectacles que ça, dit-il. J'ai fait beaucoup de tournée ces dernières années.»

Daniel Bélanger a pris les moyens de donner toute la mesure de son disque sur les planches. Il sera entouré d'une choriste et de six musiciens, dont trois cuivres et la basse de son vieux complice Jean-François Lemieux. L'objectif est de faire bouger le monde. «Il faut que ça ouvre», expose-t-il, en précisant qu'il travaille à délimiter les zones de liberté dans lesquels ses musiciens pourront s'exprimer... sans que le tout ne vire au free jazz.

Chansons sans paroles?

Sa courte tournée terminée, Daniel Bélanger ne sait pas ce qui l'attend. Il a trois idées d'albums en tête, réfléchit tout haut à une éventuelle tournée des festivals d'été et songe aussi à prendre une pause. L'avenir dépendra des instruments qu'il trouvera, ou ajoutera, à sa boîte à outils. «Mes outils m'ont fait faire des albums entiers, assure-t-il. Ce qui m'inspire, ce sont les instruments que je découvre. Déflaboxe, je l'ai fait avec un MC 2000 (NDLR: logiciel de compression multipistes), qui est très utilisé dans le hip-hop. Une guitare peut me faire écrire six chansons...»

Composer est pour lui un geste concret. «Je ne pourrais pas composer sur une île déserte. J'ai besoin du monde, j'ai besoin d'être dans le chaos. Quand mes filles étaient petites, je pouvais composer de la musique, être interrompu et y revenir sans problème, assure-t-il. Écrire des textes, c'est différent.»

D'où son intérêt grandissant pour la musique instrumentale. «Faire des musiques d'ambiance pour le théâtre ou pour des expositions sont des choses qui m'intéresseraient, dit-il. La musique instrumentale, c'est ce qui m'appelle le plus en ce moment. La musique, c'est ce qui a toujours été le plus naturel, le moins intellectuel comme exercice et le plus valorisant. Et le plus facilement défendable.

«Avec les paroles, le travail d'auteur, j'ai de la misère à être sûr de ce que je fais. À cause du complexe du drop out, j'imagine. Mais je suis sûr de ce que je fais en musique, dit-il. Et ça n'attaque pas mon intelligence si on attaque ma musique. Alors que si on attaque mes paroles, je me sens idiot...»

Se consacrer à la musique instrumentale ne correspondrait pas à une recherche de la facilité. Sa discographie démontre amplement les efforts qu'il fait pour se renouveler constamment. «Ce n'est pas pour aller plus vers le confort, insiste-t-il, mais parce que la musique, pour moi, c'est infini.»

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Daniel Bélanger, en spectacle le 23 octobre à la salle Pauline-Julien, ainsi que les 28 et 29 octobre au Métropolis.