Un coffret de 9 CD, quatre compilations thématiques, un nouveau greatest hits, tous les albums solos remixés - dont un plus que les autres: Yoko Ono et EMI ont mis le paquet pour souligner le 70e anniversaire de John Lennon.

Peut-on parler d'un événement, au même titre que les rééditions Beatles parues l'an dernier? Affirmatif, dans la mesure où on a un peu plus de bonbons à se mettre sous la dent.

On pense entre autres à cette version «dépouillée» de Double Fantasy (Stripped Down), qui nous fait entendre l'album sous un jour plus intime. Les chansons restent les mêmes, mais si vous n'étiez pas fou de l'habillage «années 80» de l'original, vous serez sans doute en mesure de les apprécier davantage.

Pour une raison qui nous échappe, cette version n'a pas été intégrée au coffret de 9 CD (Signature Box), de loin le plus gros morceau de ces rééditions lennonesques. C'est bien dommage, il faudra l'acheter à part.

Ledit coffret inclut en revanche un disque d'inédits, qui constitue un appréciable petit bonus, si ce n'est que, hormis un ou deux morceaux (India, India, vous connaissez?), ce sont surtout des prises alternatives de chansons connues.

Et les albums remastérisés? Comme pour les Beatles, le son est un peu plus fort. La batterie un peu plus présente. Pour le reste, ce sont les disques de John Lennon, tels qu'on les a toujours connus, avec leurs moments de grâce et leurs bouts plus ordinaires.

Parce qu'il faut bien le dire: la carrière solo de John Lennon fut loin d'être d'égale qualité. Si le cathartique Plastic Ono Band et l'ultra-populaire Imagine sont d'authentiques chefs-d'oeuvre, le politique Sometime in New York City demeure aussi imbuvable qu'au jour de sa sortie, alors que l'anecdotique Rock'n'roll demeure un exercice de style sans personnalité. Quant à la demi-douzaine de «singles» parus hors album (Power to the People, Instant Karma, Give Peace a Chance), on y verra surtout de gros hymnes boboches, qui ne rendent pas justice à la finesse du bonhomme. Entre le meilleur et le pire, on redécouvrira toutefois le plus que potable Walls and Bridges (1974) qui mérite en effet une nouvelle écoute (conseil de Yoko) et le délicieux Mind Games (1973), bijou méconnu de son oeuvre discographique.

Une oeuvre certes imparfaite, mais si profondément personnelle qu'elle semble toujours à redécouvrir. Avec ou sans remasterisation.