À 63 ans, Bob Walsh continue de faire ce qu'il a toujours fait: chanter ce que d'aucuns appellent le blues.

«Je ne me suis jamais considéré comme un bluesman jusqu'à ce que les médias me casent dans cette catégorie.»

Adolescent, à Québec, Bob Walsh chantait du Joni Mitchell et du Bob Dylan, «des tounes emmanchées d'une façon un peu bluesy sur les bords». «Pour moi, une chanson est comme une petite pièce de théâtre, une histoire que je chante comme je la ressens en dedans de moi.»

Et Bob Walsh, bluesman malgré lui, lance cette semaine son huitième CD, intitulé Inside I Am All Blue, un titre qui donne une assez bonne indication du genre... L'affaire s'ouvre avec Never Make Your Move Too Soon de B.B. King et se termine avec Travelin' Blues de Dave Brubeck: les médias vont encore parler de blues.

«Pour moi, un album, c'est une carte de visite pour annoncer une tournée», explique Bob Walsh dans son salon de la rue Des Érables, là même où il a mis en musique les paroles de la chanson-titre, écrites par Beatrice Markus: It's no good judging me/By the color of my skin. De là à dire que Bob Walsh aurait voulu être noir... «Un soir, un gars est venu me voir et m'a dit: «Avant de te voir sur scène, j'avais toujours cru que t'étais un nègre». C'est le plus beau compliment que j'ai eu de ma vie.»

Bob Walsh écoute peu de blues sinon les anciens comme Muddy Waters et Robert Johnson ou, ici, Jimmy James. Il est, comme tous ceux-là, autodidacte et il a pratiqué plusieurs métiers - dont garçon d'ascenseur au Château Frontenac - avant de gagner «à peu près» sa vie comme musicien. Dans les bars d'abord, lieux où le blues vit pleinement mais où Bob Walsh n'aurait pas survécu s'il avait continué. Trop de rhum, trop de coke. En 1996, il est tombé en bas d'une scène et s'est fracassé une jambe: cinq mois à l'hôpital. L'accident avait causé bien des inquiétudes à sa mère, décédée depuis, qui s'en faisait pour son «mouton noir» chéri.

Il ne touche plus «à rien» depuis 10 ans. Pas même au junk food. Sa compagne Maddy, qui veille au grain, prépare à son Bob des plats sans sel ni sucre qu'il emporte même en tournée. Et fini les contrats dans les bars, comme l'Élite à Québec, où Bob Walsh présentait il y a 35 ans un jeune harmoniciste du nom de Guy Bélanger. «Y'avait même pas l'âge pour rentrer là!» lance le chanteur que ses managers ont toujours entouré de musiciens top niveau. À preuve: depuis 10 ans, le Bob Walsh Band est dirigé par le pianiste et arrangeur Jean Fernand Girard, qui a réalisé Inside I Am all Blue (voir www.bros.ca). Pas un bluesman à proprement parler lui non plus, mais Bob Walsh connaît sa chance: «Jamais vu un gars avec une oreille de même!»

Et Guy Bélanger, qui vient de lancer Crossroads, son premier CD solo? «Quel musicien! Des fois, je lui dis: «Où est-ce que tu vas chercher tout ça?»» Christian Martin à la guitare, Jean Cyr à la basse et Bernard Deslauriers à la batterie complètent cet orchestre world class que l'on verra à l'Astral le samedi 30 octobre. On irait juste pour cet Angel de Jimi Hendrix que la soirée serait complète!

Non, Bob Walsh n'est pas un bluesman. Juste «un chanteur qui s'accompagne à la guitare», avec la peau blanche, moins d'idées noires qu'avant, mais plein de bleus en dedans.