La voix chaleureuse et les observations éclairées d'Edgar Fruitier accompagnent les auditeurs de la radio de Radio-Canada depuis de nombreuses années. Le mélomane continue de partager sa passion pour la musique en jouant son propre rôle dans un spectacle où il est confronté aux fantômes de quatre grands compositeurs: Bach, Mozart, Beethoven et Satie.

L'affection ne peut se traduire bêtement en chiffres, mais si ceux-ci constituent une indication de l'attachement portée à une personnalité publique, le comédien et animateur Edgar Fruitier jouit d'une cote d'amour exceptionnelle. Les quatre coffrets de la série Les grands classiques d'Edgar, consacrés au vaste univers de la musique classique, se sont vendus à plus de 225 000 exemplaires au total au cours des quatre dernières années, selon les Productions Octave.

Vu l'énorme succès commercial remporté par les disques, il est presque naturel que l'aventure trouve son prolongement sur scène. Le sympathique mélomane jouera donc son propre rôle dans Edgar et ses fantômes, spectacle théâtral et musical conçu par Normand Chaurette (texte) et Normand Chouinard (mise en scène) qui bénéficiera de l'accompagnement d'un orchestre de 25 musiciens placés sous la direction du chef Jean-Pascal Hamelin.

Le synopsis tient en quelques lignes: installé dans sa discothèque, Edgar Fruitier reçoit la visite de quatre grands compositeurs: Bach, Mozart, Beethoven et Satie. Pour incarner les élus, quatre comédiens: Vincent Bilodeau (Bach), André Robitaille (Mozart), Sylvain Massé (Beethoven) et Jean Marchand (Satie). Les deux derniers, qui sont également musiciens, toucheront aussi le piano.

Edgar les recevra successivement et collectivement, profitant de l'occasion pour comparer les oeuvres des uns et des autres, ainsi que leur vision de la musique. Une scène met par exemple aux prises le sévère Bach et le frivole Mozart. Le premier professe son attachement pour Strauss, alors que l'autre clame son affection pour Verdi et la musique italienne. «Ils en viennent presque aux mains, je suis presque obligé de les séparer», s'amuse Edgar Fruitier.

Le ton du spectacle ne se veut pas professoral. «On ne veut surtout pas entrer dans des considérations techniques, admet le comédien et animateur. Je voudrais qu'un père qui emmènerait son fils ou sa fille de 10 ans soit sûr que ses enfants passeront une soirée agréable, qu'ils poseront des questions et verront quelque chose qui est à leur portée. Il est évident que la mission de la pièce est d'éduquer les gens à l'écoute de la musique.»

L'accessibilité est l'une des raisons pour lesquelles le spectacle s'articule autour de ces quatre compositeurs. Des figures telles que Chopin et Debussy ont aussi été envisagées avant d'être abandonnées au profit de noms plus consensuels. Edgar Fruitier se plie de bon gré à ce choix, qu'il cautionne bien entendu.

«Je considère que je n'ai pas à faire de choix. Il y a un auteur, il y a un metteur en scène et moi, j'obéis», lance-t-il. Le répertoire exploré au cours du spectacle dépassera de toute façon largement celui des compositeurs incarnés sur scène. L'hôte de la soirée se montre discret quant au programme musical, mais révèle tout de même qu'on pourra entendre du Schönberg, dont certaines oeuvres lui sont «très chères».

Edgar et ses fantômes, du 8 au 25 septembre au Monument-National.