Le stage d'art vocal et ses découvertes

Le concert final du septième stage annuel de l'Institut canadien d'Art vocal réunissait hier soir, sur la scène de la salle Claude-Champagne, les 31 participants de la saison 2010 dont 15, soit la moitié, se virent confier au moins un air ou purent se faire entendre dans un groupe de quelques voix.

L'annuel Gala de l'Opéra de Montréal se termine toujours par le «Libiamo» de La Traviata. Hier soir, l'entraînant choeur ouvrait le concert et c'est un autre ensemble, le «Brüderlein und Schwesterlein» de Die Fledermaus, qui le couronnait deux heures plus tard.

La moitié des participants se perdaient dans l'anonymat du choeur mixte, mais la solidité de celui-ci ne laissait aucun doute sur la qualité de ses composantes.

De la soirée entière, le sujet le plus doué à tous égards est une chanteuse : Aidan Ferguson, grande et belle fille de l'Alberta qu'on avait découverte deux soirs plus tôt en Marquise de La Fille du régiment. Montrant, cette fois encore, l'aisance d'une artiste professionnelle, elle adapta son riche mezzo et sa forte présence scénique aux personnages contrastants de Donna Elvira, Carmen et la Périchole.

Une autre grande voix féminine s'est révélée hier soir : Chantale Nurse, robuste soprano noire dont certains accents évoquent la jeune Leontyne Price, et qui a donné le grand air de Hérodiade dans un très bon français. Des détails restent à travailler, notamment au plan de l'intonation, mais il est clair que nous sommes devant une future soprano dramatique à qui une grande carrière est promise.

D'autres mentions : Christianne Bélanger, que je verrais à l'oratorio plutôt qu'à l'opéra, Jennifer S. Taverner, qui a le sens du timing et une bonne voix, et Michelle Danese, petite blonde de Toronto qui chante avec aplomb.

Chez les hommes, le stagiaire le plus convaincant est le baryton Philip Alan Kalmanovitch, un grand garçon également à l'aise comme vocaliste et comme acteur. Michael Uloth a révélé une voix de basse précise jusqu'au plus profond de la tessiture. Pierre Rancourt se présente comme baryton, mais l'aigu légèrement plafonné et le grave très affirmé sont plutôt ceux d'une basse. Thomas Macleay a un réel talent de comédien et une bonne voix de ténor. À signaler chez Cairan M. Ryan, une agilità rossinienne rare chez un baryton. Habituellement mauvais, Roy Del Valle a manifestement travaillé très sérieusement. Hier soir, il était tout à fait écoutable et jouait les ivrognes avec conviction.

On a également réentendu le jeune ténor américain Jonathan Blalock lancer les neuf fameux contre-do de La Fille du régiment sans transposer, comme jeudi soir d'ailleurs. Je tiens cette double confirmation du chanteur lui-même et du chef Paul Nadler, qui assurait la direction musicale les deux soirs. Cinq pianistes se relayaient à l'accompagnement des chanteurs : Rainer Armbrust, Lucy Arne, Louise Pelletier, Claude Webster et la directrice artistique de l'Institut, Joan Dornemann, du Metropolitan de New York.

INSTITUT CANADIEN D'ART VOCAL. Concert final du septième stage annuel. Hier soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.