Le Festival Richard-Wagner de Bayreuth (Allemagne) a inauguré vendredi sa 99e édition, la première depuis la mort du petit-fils du compositeur Wolfgang Wagner, un nouveau cru marqué par plusieurs débuts très attendus sur la «Colline verte».

Le Festival de Bayreuth a ouvert dimanche sa 99e édition, la première depuis la mort du patriarche Wolfgang Wagner, un nouveau cru marqué par les débuts attendus sur la Colline verte de plusieurs artistes, dont le ténor vedette allemand Jonas Kaufmann.

Comme tous les 25 juillet, le festival Richard-Wagner (1813-1883) a débuté à 14h00 GMT avec «Lohengrin».

La chancelière Angela Merkel, tout sourire en blazer blanc et rang de perles, menait une délégation de six ministres. Elle était apparue peu avant à la télévision, en blazer noir, pour dire sa compassion à l'égard des familles des 19 personnes tuées dans une bousculade lors de la Love Parade, fête de la musique techno organisée à Duisbourg (ouest).

Jusqu'au 28 août, le Festspielhaus (1.974 places), «palais du festival» inauguré en 1876 sur une «Colline verte» dominant cette ville du nord de la Bavière, accueillera 29 autres représentations à guichets fermés : la demande de places est chaque année huit à neuf fois supérieure à l'offre.

Les festivaliers devraient avoir une pensée pour Wolfgang Wagner, petit-fils du compositeur, décédé le 21 mars à l'âge de 90 ans après avoir régné sur la Colline d'une main de fer pendant 57 ans (1951-2008).

L'ouverture sera «un tant soit peu chargée d'émotion, parce que notre père nous manque», a récemment prédit Katharina Wagner, 32 ans, depuis 2008 codirectrice générale du festival avec sa demi-soeur aînée Eva Wagner-Pasquier, âgée de 65 ans.

Après une édition 2009 de transition, sans nouvelle production, les demi-soeurs entrent dans le vif de leur mandat avec un «Lohengrin» confié à l'Allemand Hans Neuenfels, 69 ans, vieux routier d'un «Regietheater» (théâtre où prédomine la mise en scène) iconoclaste.

La production marque les débuts particulièrement précoces, à 31 ans, du chef letton Andris Nelsons dans la fosse d'orchestre mythique et invisible que Wagner avait rêvée en «abîme mystique».

Les wagnériens guetteront aussi la performance de la soprano allemande Annette Dasch, elle aussi inconnue à Bayreuth, dans le rôle d'Elsa.

Mais la principale attraction de ce «Lohengrin» pourrait bien être le début, dans le rôle-titre, du charismatique Jonas Kaufmann.

Les habitués espèrent que l'arrivée du chanteur bavarois et la prise de pouvoir d'Eva Wagner, ancienne experte en casting d'Aix-en-Provence à New York, annonceront le retour à Bayreuth des meilleures voix wagnériennes.

«L'Anneau du Nibelung» («Der Ring des Nibelungen») créé en 2006, repris cette année encore, illustre ces problèmes de distribution, même si la direction musicale est assurée par l'Allemand Christian Thielemann, qui exerce une autorité féconde sur l'orchestre du festival.

Pour le reste, Bayreuth 2010 retrouvera le «Parsifal» de 2008, conduit par le maestro italien Daniele Gatti, ainsi que «Les Maîtres chanteurs de Nuremberg» présentés depuis 2007 dans la mise en scène provocante de Katharina Wagner.

La turbulente metteuse en scène a déjà pris date pour un nouveau «Tristan et Isolde» en 2015.

Auparavant, le public aura eu droit en 2011, année de la 100e édition du festival, à un «Tannhäuser» dirigé par le chef allemand venu du baroque Thomas Hengelbrock, puis en 2012 à un «Vaisseau fantôme» assumé par Christian Thielemann. Avant un nouveau «Ring» confié au jeune chef russe Kirill Petrenko en 2013, année du bicentenaire de la naissance du compositeur.

En outre Katharina Wagner, qui a déjà ouvert Bayreuth aux enfants («Le Vaisseau fantôme» en 2009, «Tannhäuser» cette année), à internet («Les Maîtres chanteurs» en 2008) et au grand public (retransmissions en plein air), envisage de lancer en 2011 une opération qui permettra à des DJ de mixer du... Wagner.