Muses de l'Antiquité, héroïnes d'opéra au destin tragique, chanteuses réalistes, chaudes voix du jazz, rappeuses vociférantes ou jeunes pousses engagées: toutes les femmes seront au coeur d'une même partition à l'occasion de la Fête de la musique qui se tiendra un peu partout en France lundi, en même temps que dans de nombreux pays d'Europe et sur les quatre autres continents.

Cette 29e Fête de la musique veut rendre hommage à celles, créatrices ou inspiratrices qui sont trop longtemps restées sous le joug de la domination masculine, comme par exemple au XIXe siècle, où pour rester «convenables» les femmes étaient cantonnées au piano et seulement dans les salons. «Dans la polyphonie de voix libres et joyeuses, la musique nous rappellera qu'il est des domaines où la différence ne sépare pas, mais unit et enrichit», a souhaité le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand en présentant la manifestation.Et le ministère de la Culture de donner l'exemple dans les jardins du Palais-Royal avec entre autres Christine Salem et son répertoire de chants traditionnels comoriens, malgaches, créoles ou swahilis, les rythmes suaves de Madjo, le son «americano cubano» d'Amparo Sanchez ou le jazz flamenco de l'Espagnole Buika.

Comme chaque année, c'est à Paris et en Ile-de-France que se situera l'épicentre de la manifestation, pour laquelle monuments ou musées seront aussi de la fête. Le château de Versailles accueillera deux chorales dont la sienne, quand le château de Vincennes présentera une scène «Africa pop» avec la FNAC, où sont attendus le duo Amadou & Mariam, Lokua Kanza et Alpha Blondy.

Sous la pyramide du Louvre, on pourra entendre l'Orchestre de Paris et célébrer la «Radical Jewish Culture» au Musée d'art et d'histoire du judaïsme, sous la houlette de John Zorn. La musique romantique élira domicile au Musée national Eugène-Delacroix et c'est l'Orchestre philharmonique de Radio-France qui investira le Musée d'Orsay.

La plupart des mairies d'arrondissement, huit centres hospitaliers et de nombreuses églises, tant dans la capitale qu'en banlieue ouvriront aussi leurs portes. Donnant toujours l'exemple l'église parisienne Saint-Eustache renouvellera son programme de 36 heures de concerts (dont 24 de lundi à mardi), avec notamment le choeur féminin Neskatxena.

De hauts lieux musicaux, dont le Théâtre du Châtelet, qui proposera d'expliquer l'opéra aux enfants, mais aussi la Salle Pleyel, le Bizz'Art, le Glazzart, les Trois-Baudets et la Bellevilloise, entre autres, présenteront tous une programmation spéciale.

Tradition oblige, les grands rassemblements gratuits seront encore de la partie. L'on pourra écouter l'Orchestre national de Barbès à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine). A Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), la variété française sera représentée par Plastic Bertrand, Jean-Pierre Mader et Amel Bent. Plus pointu, Cut Killer & China, Féfé, L'Algérino, Lucenzo (avec Big Ali) seront sur la scène MTV place des Vins-de-France à Paris avec Sheryfa Luna. La place Denfert-Rochereau résonnera aux sons de Curry & Coco, Jill is Lucky ou encore In the Club sur la scène du Ricard Live Music, en partenariat avec le Fonds d'aide à l'initiative rock (FAIR).

Des centaines de manifestations annoncées dans toutes les régions de France. En Europe, l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Belgique, l'Espagne, la Grèce, l'Italie et la Suisse sont désormais fédérés au sein du réseau culturel paneuropéen «La Fête de la musique en Europe», chargé de favoriser les échanges entres artistes et actions culturelles et ont signé en ce sens une charte spécifique.

Au reste, et en dépit de la crise financière, la Grèce, pour sa 11e participation, mettra les petits plats dans les grands en proposant des concerts dans pas moins de 95 villes, soit en tout 130 événements mobilisant quelque 700 groupes et artistes.

Sur les autres continents, la Fête de la musique continue de séduire. Cette année, Stockholm, Salvador de Bahia (Brésil), Shanghaï et Nanjing (Chine), mais aussi Bridgetown (La Barbade), Marrakech ou Erfuth (Allemagne) intègrent la déjà longue liste des grandes villes et capitales proposant une «Fête de la musique». Elles sont aussi toutes signataires d'une charte internationale née en 2004, les obligeant à respecter quelques fondamentaux, comme la gratuité, la date du 21 juin ou l'ouverture à la diversité tant au niveau musical que dans les lieux où les artistes se produisent.