Sans le travail du musicien, percussionniste, producteur et patron de label Moritz von Oswald, MUTEK ne serait peut-être pas tout à fait l'événement qu'on connaît. L'Allemand, un des fondateurs au début des années 90 du courant dit minimaliste de la techno, revient pour une deuxième fois seulement au festival pour présenter les improvisations de son trio. Une rare entrevue avec le maître.

Dans les milieux initiés, on tient Basic Channel - le label ainsi que le duo que formait von Oswald avec son compère Marc Ernestus - en très haute estime. Basic Channel, c'est la genèse du minimalisme techno, même si certains producteurs de Detroit (les bonnes gens d'Underground Resistance, entre autres) avaient eux aussi commencé à creuser le filon. Les productions du duo/label, tout comme celles de von Oswald et son projet Maurizio, à peine plus house dans ses grooves, ont eu une influence considérable sur tous leurs contemporains.

 

Pourtant, von Oswald n'en est qu'à sa deuxième visite au festival qui lui doit son inspiration. «Pourquoi j'ai mis tant de temps à venir à MUTEK? Vous savez, Basic Channel, c'était il y a longtemps; musicalement, je ne suis pas resté collé à cette époque, j'ai fait beaucoup de choses différentes depuis», dit Moritz von Oswald. Il y a trois ans, Ernestus et lui étaient venus présenter leur projet Rhythm&Sound, une exploration de la musique dub jamaïcaine réinterprétée par deux Teutons aux rythmiques synthétiques rigides.

Autre visite, tout autre projet. Le Moritz von Oswald Trio (avec Max Loderbauer et Sasu Ripatti, alias Vladislav Delay) sert de l'improvisation à base de percussions acoustiques et de lutherie électronique. «On aime bien se surprendre, et s'assurer que, d'un spectacle à l'autre, la musique prenne de nouvelles directions», dit von Oswald, joint chez lui. «Je n'oserais dire qu'on fait du jazz. L'improvisation jazz repose sur l'interaction entre différents instrumentistes, ce que nous ne cherchons pas à faire. Nous voulons seulement occuper l'espace sonore.»

Tout l'esprit du minimalisme techno tient dans cette dernière phrase. En faire le plus possible, avec le moins d'éléments sonores. Avant Basic Channel, d'autres expérimentateurs défrichaient cette avenue, notamment les producteurs et réalisateurs jamaïcains de l'ère du dub. Une musique qui a grandement influencé les fondateurs allemands du techno minimal.

«Oh! mais c'est votre interprétation de notre travail, commente-t-il. Je ne peux dire si vous avez raison ou tort, de la même manière que je ne voudrais argumenter avec quelqu'un qui dirait que la musique de Basic Channel est sombre, ou hypnotique... De toute façon, tout ça est si lointain pour moi.»

Si le dub reste d'intérêt pour von Oswald, qui a piloté un programme de rééditions du label reggae new-yorkais Wackies, il se nourrit aujourd'hui des créations de ses pairs - avec un intérêt marqué pour le dubstep. «Je crois que Rhythm&Sound a eu une influence sur ces gens-là», avance-t-il.

Dernier concert auquel vous avez assisté? «Rihanna, à Berlin. J'accompagnais ma plus jeune fille, qui l'aime beaucoup. Et franchement, c'était assez amusant. Un bon concert, pour tout vous dire.»

Le Moritz von Oswald Trio se produit demain à la SAT dans le cadre de la soirée Nocturne 5.

 

AUJOURD'HUI ET DEMAIN à mutek

MUTEK @ Piknic

Pleuvra, pleuvra pas? On croise les doigts, mais juste au cas, notez qu'advenant les averses, les événements d'aujourd'hui et demain seront déplacés au Métropolis. Même affiche: aujourd'hui, DJ Koze et Paul Kalkbrenner; demain, Pépé Bradock, Dave Aju (et tous les autres qui enrichiront nos après-midi).

Señor Coconut à la Place des Festivals

Le spectacle est gratuit, ce soir. Vous n'avez pas d'excuse de manquer ce mariage un peu fou entre pop des années 80, électro allemande et rythmes latins. Et puisque vous y êtes, on vous invite à explorer l'installation de Mélissa Mongiat, qui a complètement transformé la façade du pavillon de l'UQAM qui donne sur la place des Festivals.

A/Visions 4

Au Monument-National, ce soir, dans le volet A/Vision: les excellents Vladislav Delay et Tim Hecker.

Nocturne 4 (Métropolis)

Ce soir, le thème au Métropolis est Burning down the house. Ça va chauffer, avec Guillaume Coutu-Dumont&The Side Effects, Henrik Schwartz, Dixon et d'autres.