Samedi prochain, place des Festivals, des chansons ancrées dans l'imaginaire collectif seront relues façon latin band avec attitude vachement Kraftwerk (voir plus bas). De Sweet Dreams à Corcovado en passant par Kiss, Pinball Chacha et autres Da Da Da!

Établi au Chili, à Santiago, depuis plus d'une décennie, Atom (il préfère qu'on le nomme ainsi) mène une pléthore de projets qui débordent largement l'idée qu'on se fait du corpus électronique présenté au festival Mutek. Señor Coconut, de loin son projet le plus fédérateur, en est la vibrante illustration.

 

Des centaines de pièces originales, relectures et remix visionnaires justifient amplement le retour d'Uwe Schmidt à Mutek. On ne s'étonnera pas que le musicien ait été une figure marquante de Mutek à quatre reprises en une décennie d'activités. Rien de plus normal que le plus grand concert populaire jamais présenté par ce festival soit celui de Señor Coconut, qui a déjà brillé au Métropolis en 2003. On se souvient encore de s'y être dilaté la rate!

«L'idée de ce groupe, rappelle notre interviewé joint au Chili, est venue en plaisantant avec des amis. Nous nous demandions alors ce que nous pourrions bien bricoler avec le style Kraftwerk. J'ai alors fait quatre chansons, puis un album complet en un style latin, sans oublier l'humour très connoté de Kraftwerk.

«On m'a ensuite demandé de reprendre ce matériel sur scène. D'une manière très intuitive, je me suis dit OK, essayons d'interpréter ces chansons avec de vrais instrumentistes. Je ne voulais pas être seul avec un ordinateur portable, je voulais avoir du plaisir à présenter ce projet au public. Ainsi, j'ai tenté quelque chose de neuf en formant ce groupe. Señor Coconut ne s'est jamais arrêté depuis, malgré les changements de personnel. Nous avons donné quelques centaines de spectacles au fil des dix dernières années.»

Précisons en outre que le personnel de ce latin band est essentiellement... allemand! À l'exception du chanteur Argenis Brito, originaire du Venezuela et résidant de Berlin. Neuf personnes se produisent sur scène: section de vents, contrebasse, percussions, vibraphone, chanteur, Atom à la direction. Plusieurs albums ont été lancés au fil du temps, Señor Coconut a donc entrepris de relire plusieurs succès, bien au-delà du répertoire de Kraftwerk.

«Question réalisation, explique notre interviewé, je n'ai cessé de changer la méthode. Pour l'avant-dernier album, j'ai écrit des partitions plus difficiles, différentes surimpressions d'enregistrements, etc. Pour Around the World, le dernier paru en 2008, j'ai eu le sentiment d'avoir atteint un sommet de production. Actuellement, je réfléchis à ce que pourra être la réalisation du prochain album...»

Les arrangements de Señor Coconut, explique en outre Atom, consistent en un mélange de musique écrite et d'improvisation. «Bien sûr, il y a des consignes que la plupart des musiciens apprennent à lire ou mémorisent. Il a aussi de petites séquences plus ouvertes à l'improvisation, qui peuvent changer d'un concert à l'autre.»

Humour

«L'humour, il faut dire, fait partie de mon travail dans tous mes projets. J'aime communiquer l'humour, car c'est très direct, immédiat. Il y a 20 ans, vous savez, je me suis intéressé beaucoup à la musique latine et aux autres musiques exotiques, bien au-delà de la pop anglo-saxonne. J'ai alors réalisé que j'étais très limité. Toujours sérieux, jamais de sourire. À l'écoute de ces musiques si différentes des miennes, j'ai alors changé mon approche.»

Si Kraftwerk est considéré comme un phare de la musique électronique, Atom et son Señor Coconut refusent d'être collés au genre.

«Pour décrire ma musique, j'évite désormais d'utiliser l'expression musique électronique. Je me consacre à plusieurs méthodes de composition - de l'écriture de partitions pour instruments à la création à l'aide de technologies numériques. À ce stade de l'histoire, d'ailleurs, l'expression musique électronique correspond à une certaine période de la création musicale qui ne représente pas la période actuelle, du moins en ce qui me concerne. Dans l'ensemble, ce que je crée ne peut plus être qualifié d'électronique.»

Señor Coconut se produira samedi prochain, 21h sur la place des Festivals. Le Golden assurera la première partie, avec entre autres Jean-Phi Goncalves, Alex McMahon et JF Lemieux.

 

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Kraftwerk

Kraftwerk, qui signifie centrale électrique en allemand, a joué un rôle prépondérant dans le développement de la musique électronique. La sonorité musicale du groupe se caractérise par la combinaison d'une ligne de basse et d'une rythmique électrique à une harmonique et une mélodie répétitive faite à partir de synthétiseurs, accompagnée de paroles minimalistes chantées dans plusieurs langues (allemand, français, espagnol, anglais, russe, japonais). - Source: Wikipédia