Parmi les musiciens québécois les plus réputés au domaine des avant-gardes sonores, le guitariste, chanteur et compositeur René Lussier a l'important mandat de clôturer, demain, le 26e Festival international de musique actuelle de Victoriaville.

René Lussier fait d'abord la genèse de ce «projet plutôt improbable» devenu plus que probable.

«Au cours d'un long séjour à Québec alors que je composais la musique du Moulin à images de Robert Lepage, le Musée de la civilisation avait présenté une exposition sur les sept péchés capitaux. On m'avait alors invité à faire une soirée de musique sur ce thème.»

 

De prime abord, Lussier avait considéré que le sujet était beaucoup trop considérable, trop costaud. «Je ne me voyais pas faire le tour des péchés capitaux avec des musiques appropriées. J'avais proposé une soirée d'improvisation en réunissant sept personnes sur scène. Non, chacun n'y représentait pas un péché capital avec une petite pancarte au-dessus de la tête - l'envie, la paresse, etc.

«J'avais évacué les péchés et conservé le chiffre.»

Pour cette première soirée d'improvisation autour du chiffre sept, René Lussier a entrepris de rassembler des musiciens d'horizons complètement différents. «Il y avait une occasion, et ça fait longtemps que je voulais mélanger métal, électro, musique contemporaine, jazz ou bruit...»

Il présente les six protagonistes de l'action.

«Marianne Trudel est une excellente pianiste de jazz, ça faisait longtemps qu'on est en contact et que nous voulions travailler ensemble.

«Avec le batteur Michel Langevin (Voivod, etc.), j'avais déjà fait un duo sur une scène ouverte, il m'avait vraiment bouleversé.

«Lori Friedman vient du milieu classique contemporain, de la «new music» canadienne, puis elle s'est mise à l'improvisation. Elle joue de la clarinette comme personne!

«Je voulais aussi de la musique française - musique ancienne, viole de gambe. Pierre-Yves Martel (ensemble Constantinople) avait fait partie de la première équipe. Pour le concert de Victo, cependant il est remplacé par Fred Fortin. Fred à la basse funk rock? Y pogne en feu!

«Nancy Tobin fait de l'électronique, elle crée des environnements sonores pour le théâtre. Très minutieuse, elle travaille avec les textures - les sons que produit la statique par exemple.

«Aux tables tournantes, Martin Tétreault apporte à cet ensemble un côté ready made

Aurez-vous déduit que René Lussier fonce tête première dans ce projet qui débordera largement le cadre de la musique improvisée au FIMAV.

«Lors de la présentation de Québec, explique-t-il, ce que je faisais était assez simple. Un des musiciens faisait un solo de quelques minutes, à la suite duquel le groupe tricotait autour du même matériel. À Victoriaville, j'étais censé refaire la même expérience. Or, cet hiver, un remaniement de la programmation a mené 7 têtes en clôture du Festival. Pour moi, ça n'avait pas de sens de revenir en improvisation libre pour un programme de cette envergure.

Il a donc préféré monter quelque chose de plus diversifié et de plus construit, même si l'improvisation y sera très présente. «J'ai voulu de la musique qui groove. Avec Michel et Fred qui forment une section rythmique pour la première fois, il fallait en profiter! En répétition, en tout cas, ça fonctionne très bien. Ces mondes très différents s'assemblent, les bruits et les notes s'imbriquent, il y a un aspect riff dans l'affaire. Et j'essaie de m'ajuster aux personnalités de chacun pour qu'il puisse se passer autre chose que ce que j'ai moi-même prévu.»

Inutile d'ajouter que le maestro n'entend pas garder les têtes froides...

7 têtes de René Lussier, demain, 22h, au Colisée des Bois-Francs, à Victoriaville, dans le cadre du 26e FIMAV. Pour infos: www.fimav.qc.ca