Il a été Faux-Monnayeur et chanteur solo. Le revoici en groupe. Et en espagnol.

On peut retirer le gars de l'Amérique latine, mais pas l'Amérique latine du gars. Parlez-en à l'auteur-compositeur Tomas Jensen, qui vient de lancer un album de rock latino en espagnol et en portugais, sous la bannière du groupe Hombre.

Argentin de naissance, Français d'éducation et Québécois d'adoption, Jensen n'en est pas à ses premières tounes dans la langue de Dali. Avec son groupe les Faux-Monnayeurs, il avait pris l'habitude d'en saupoudrer ses albums. Mais cette fois, il voulait une immersion complète.

«C'est un projet dont j'avais envie depuis longtemps, lance le chanteur au regard bleu et à la coupe punk. D'abord parce que je voulais m'adresser aux hispanophones qui avaient déjà accroché sur mes chansons en espagnol. Ensuite parce que cette culture fait encore partie de moi. J'adore la musique brésilienne et je reste un grand amateur de foot et de grillades argentines!»

Même s'il est seul à faire l'entrevue et qu'il a écrit toutes les chansons du disque, Tomas Jensen n'hésite pas à dire que Hay que subir! (c'est le titre de l'album) est le fruit d'un travail collectif. Les musiciens de Hombre l'accompagnaient déjà sur scène pendant la tournée de Quelqu'un d'autre, son dernier album solo. C'est avec eux qu'il a «cassé» plusieurs de ces nouvelles chansons en spectacle. Et c'est avec eux qu'il voulait vivre cette aventure en espagnol.

«J'avais besoin de leur apport, explique humblement le chanteur. Tout seul, je n'étais peut-être pas assez riche au niveau des influences pour faire la musique que je voulais faire. Benjamin Vigneault (batterie), Martin Lizotte (clavier) et Margot Czapracki (voix) m'ont permis d'obtenir ce côté funk et électro qui me manquait. «

Musicalement, Hay que subir! est effectivement plus «urbain» que les cinq disques précédents de Tomas Jensen. Si le chanteur admet volontiers la filiation avec Manu Chao et la Mano Negra, il n'hésite pas à citer d'autres influences, comme les groupes rap méridionaux Fabulous Trobadors et Massilia Sound System, ainsi que le musicien brésilien «électro-traditionnel» Zeca Baleiro, dont il dit le plus grand bien.

«C'est vraiment de la musique de party, qui donne envie de chanter, de participer et de lancer des cris de guerre», résume-t-il.

Côté textes, c'est à peu près la même chose. Tomas Jensen n'abandonne pas son côté plus militant, mais il exploite désormais la face plus légère de l'insurrection. «En espagnol, il y a toujours ce côté autodérisoire, dit-il. Et je pense que ce disque ne se prend pas trop au sérieux. C'est une invitation au défoulement, mais par la fête. Bouger dans son corps, mais aussi dans sa tête...»

Quel avenir pour Hombre dans un marché essentiellement francophone? Eh bien justement: l'avenir de Hombre n'est peut-être pas ici. Avec Hay que subir!, Tomas Jensen a la ferme intention de tenter sa chance en Amérique latine, où la demande reste forte pour le latino-rock et tous ses dérivés.

Le chanteur fera probablement appel à des tourneurs internationaux. Il possède déjà quelques contacts en Argentine et au Brésil - deux pays où il a vécu étant plus jeune. Mais il n'écarte pas l'idée de se pointer sur place pour vendre son disque et sa salade.

«Aller là-bas. Cogner aux portes. Chercher du monde. Ce sera plus long à développer, conclut-il. Mais je veux vraiment que mes chansons arrivent aux bonnes oreilles, Et j'ai certainement plus de chance d'arriver à quelque chose avec cet album-là qu'avec tout ce que j'ai fait précédemment!»

ROCK LATINO

HOMBRE

HAY QUE SUBIR!

L-A be/SELECT