Daniel Snaith, alias Caribou, a lancé en avril l'excellent Swim, sixième chapitre de son exploration sonore qui, en une décennie, l'a mené du techno minimaliste à l'électro-pop psychédélique, puis à ce nouvel album aux airs mélancoliques mais dansables. Entrevue avec ce Torontois d'origine, Londonien d'adoption, pendant qu'il roulait en banlieue de Berlin.

Ils seront cinq sur la scène du Cabaret La Tulipe, mercredi prochain: Snaith, qui chante, manipule les séquences et touche aux claviers, un guitariste, un bassiste et deux batteurs. «J'aime que les versions live de mes compositions soient différentes des enregistrements, explique Caribou. Depuis le début de la tournée, on joue beaucoup de nouvelles chansons, mais aussi des anciennes. Étrangement, l'ensemble finit par bien sonner.»

Swim marque un changement de cap quand on le compare à The Milk of Human Kindness (2005) et Andorra (2007, prix Polaris), deux efforts traversés des couleurs éclatantes de la vogue hippie et psychédélique des années 60.

«En travaillant sur Swim, j'ai redécouvert la dance music, justifie Snaith. Pas celle d'il y a 10 ans, mais celle des clubs que j'ai récemment fréquentés. C'est quelque chose dont je m'étais éloigné sur mes derniers disques.

«Aussi, j'avais envie d'aller ailleurs. J'étais allé au bout de ce que j'avais à dire pendant mon trip psychédélique. Et la perception qu'on avait de mon travail était devenue gratuite: «Ah oui, Caribou, le type un peu nostalgique des sixties»... Ce n'est pas du tout moi!»

La transition, du trip songwriter référenciel à ambianceur de dancefloor, est franchement réussie. Swim porte toujours la signature de Dan Snaith, son côté mélodique affirmé, ses échafaudages de pistes rythmiques touffus, sa propension à lester ses compositions de bruits épars. Mais l'album s'égare dans des atmosphères contemplatives; ça se danse, oui, mais ça fait danser les idées aussi, lorsqu'on en fait l'écoute attentivement, calé dans son fauteuil.

«C'est drôle, j'ai vraiment une mauvaise perspective de ma musique, forcément, j'ai le nez dedans. Il y a des gens qui jugent qu'une chanson comme Odessa est un vrai tube pour les dancefloors; d'autre trouvent dans Swim une musique vraiment étrange. L'un n'exclut pas l'autre. Mais, pour moi, un disque est un tout cohérent, pas une collection de singles.» Un trip disco intemporel porteur d'un spleen assumé.

Mélancolie

«J'ai fait de la musique joyeuse et ensoleillée dans le passé, commente-t-il; cette fois, la mélancolie est très présente. Je suis un type heureux, mais des gens près de moi m'ont inspiré. J'ai connu, pour la première fois de ma vie, ce qu'est un divorce, par exemple.»

Pas le sien, heureusement, celui d'un proche. Avec sa femme, tout va pour le mieux, d'autant qu'elle entraîne son musicien-mathématicien de mari dans des voyages inspirants. «Kaili, c'est le nom d'un village, dans le sud-ouest de la Chine, que nous avons visité l'an dernier. Une ville culturelle incroyable. Jamelia, c'est une ville d'Éthiopie, un pays où la musique est fameuse. Nous sommes tellement chanceux qu'on ait réédité les enregistrements de l'époque, la série Éthiopique. Ce sont des endroits inspirants.»

De l'Allemagne, Caribou reprendra la route vers Stockholm, avant de rejoindre notre continent: Toronto, Ottawa, puis Montréal mercredi.

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