La firme d'investissement britannique Terra Firma a fait des pieds et des mains ces derniers jours pour sauver sa mise dans le major de l'industrie du disque EMI, acquis en 2007 grâce à un prêt de plus de 3 milliards d'euros accordé par la banque américaine Citigroup. Terra Firma avait jusqu'à hier, en fin d'après-midi (heure de Londres) pour arriver à une solution lui permettant d'honorer ses engagements avec la banque, au risque de perdre le contrôle de la prestigieuse maison de disques. Les deux dernières journées ont été folles pour les observateurs de l'industrie du disque, qui ont pesé et soupesé toutes les rumeurs en cours quant aux négociations menées par EMI et ses concurrents. Au final, il semble cependant que le major n'ait pu trouver une solution durable à ses problèmes financiers.

Le scénario envisagé par Terra Firma/EMI pour trouver l'argent nécessaire au paiement de 150 millions US à l'endroit de la banque Citigroup aurait été une «location», voire carrément une vente, selon certaines sources, de la distribution de son catalogue musical à ses concurrents en échange d'une somme estimée à 300 ou 400 millions US, ce qui aurait, à court terme, sauvé EMI.

 

Des trois autres majors de l'industrie du disque, deux ont été directement approchés par EMI, soit Universal et Sony. Jusqu'à hier après-midi, les rumeurs faisaient valser les sommes en jeu et les acteurs impliqués. Le Wall Street Journal avait lancé le bal tôt en journée, indiquant que les négociations avec Sony avaient été rompues, information vite démentie par d'autres sources qui impliquaient cette fois Universal.

Selon le Financial Times, il semble que les négociations avec ces acteurs de l'industrie de la musique se soient déroulées «jusqu'à la 11e heure», sans résultats. Parmi les raisons invoquées pour expliquer cet échec, le prix demandé, les restrictions relatives à la durée de l'entente (une «location» de quatre, cinq ans?) et la possibilité que Citigroup intervienne pour faire achopper l'entente.

Revente?

Car depuis des mois, les observateurs laissent entendre que la banque américaine serait davantage intéressée à revendre EMI, dans l'éventualité où Terra Firma ne pourrait honorer ses engagements. La multinationale Warner Music Group serait un acheteur potentiel. D'ailleurs, Warner ne faisait pas partie des tractations des derniers jours pour la distribution du catalogue d'EMI.

La date limite du 31 mars ayant été atteinte, l'avenir d'EMI comme propriété de Terra Firma demeure incertain. La firme d'investissement aurait jusqu'à la mi-juin pour trouver des fonds lui permettant de rembourser Citigroup, mais les tribunaux américains pourraient donner un peu plus de temps à la firme pour se relever.

Ainsi, la semaine dernière, Terra Firma a remporté une première manche dans cette bataille juridique l'opposant à Citigroup; la firme britannique allègue que la banque américaine n'a pas été transparente lors du rachat d'EMI en 2007 et que la somme payée était trop élevée.