Les Barenaked Ladies lancent leur 11e disque, All In Good Time. Malgré le titre, les Canadiens y jouent un peu moins les comiques. Perte d'un leader, écrasement d'avion et deuil: retour sur une année mouvementée.

Les Barenaked Ladies ont perdu leur barbu à lunettes. Depuis l'année dernière, le chanteur Steven Page n'est plus dans le groupe. Départ ou congédiement? Ed Robertson, l'autre chanteur et compositeur du groupe, a une réponse toute prête: «Disons que nos chemins se sont séparés. C'est la formule politiquement correcte, laisse-t-il échapper en riant. Steven était mon ami depuis la quatrième année du primaire. Je le respecte trop pour entrer dans les détails.»

 

Quelques minutes plus tard, sans qu'on insiste, il explique la séparation: «Son arrestation (pour possession de cocaïne) n'a rien à voir là-dedans. Il n'y a pas de raison particulière. Écoute, 20 ans de vie professionnelle commune, c'est long... On était pris dans nos habitudes. Je n'osais jamais écrire une chanson au complet. Je laissais un bout à terminer pour que Steven y ajoute sa touche. Je m'inhibais, ce qui n'est jamais bien. Ce n'était pas sa faute, ni la mienne. C'était comme ça.»

Montagnes russes

On retrouve l'humour absurde ou carrément collégien de Robertson sur ce 11e disque. «C'est souvent comme ça que je communique», justifie-t-il. Mais certains textes sont plus francs et crus que les précédents. Plus «cathartiques» même. Le virage s'est imposé», raconte-t-il.

«Juste comme je commençais à écrire, Steve s'est fait arrêter, j'ai eu un accident d'avion et ma mère est morte. Ça fait beaucoup en même temps.»

Robertson nous parle de son chalet dans le parc Algonquin. C'est là que l'accident a eu lieu. L'été dernier, sa femme et lui sont montés dans leur Cessna pour se rendre à un lac voisin. L'avion s'est écrasé dans les arbres. «L'avion est complètement détruit. Mais miraculeusement, ma femme et moi en sommes sortis indemnes.»

Le reste de l'écriture du disque ressemble à une annonce de bière mélancolique. Dans son chalet du nord ontarien, Robertson dit s'être assis devant son lac, guitare à la main, pour réfléchir aux dernières années de sa vie et chanter.

«Dans le passé, nos chansons traitaient souvent d'expériences susceptibles d'être vécues par tous. Cette fois, on ose parler de trucs très personnels, même si les gens ne s'y identifieront pas forcément.»

Ces changements ne sont pas vraiment perceptibles dans la musique. Avec tous ces bouleversements internes, les Barenaked Ladies ont senti le besoin d'un repère rassurant: le réalisateur Philip Wojewoda. Quelle influence a-t-il eue? «C'est avec lui que nous avions enregistré notre premier disque (Gordon). Il était aussi avec nous pour Born on a Pirate Ship et d'autres albums. Ça nous a calmés. Il y avait au moins ça de stable. On savait qu'on n'avait pas besoin de se soucier de son boulot.»

Le groupe sera au Métropolis le 30 avril. Son très fidèle public risque de remplir la salle. Et de fredonner les refrains, à en juger par ce que raconte Robertson. «Avant d'enregistrer les chansons, on les a testées en concert. Les fans les ont enregistrées et les ont partagées sur l'internet. Alors dans les concerts suivants, la foule chantait les refrains, et ce, même si le disque n'était pas encore sorti. C'est bon signe.»