Quand Olivier Langevin a lancé un groupe avec des amis, voilà une dizaine d'années, ils ont choisi le nom d'une voiture américaine mythique qui les fascinait tous les deux: Galaxie 500. Contre toute attente, leur projet a pris de l'ampleur, ils ont fait un disque et multiplié les spectacles. En 2006 est arrivée la tuile: un groupe britannique portant le même nom les sommait de changer le leur.

«L'autre groupe était quand même obscur et il avait cessé ses activités depuis une dizaine d'années, explique M. Langevin. Mais c'était un band culte pour bien du monde. Je me souviens encore comment on avait choisi le nom: j'avais vu la voiture dans la rue. On n'a jamais vérifié. À cette époque, il n'y avait pas l'internet. Avant qu'on ne lance notre premier disque, un vendeur m'avait parlé du groupe britannique, mais ça ne me tentait pas de changer, la pochette était déjà faite. Je ne pensais pas faire autant de shows. Pour le deuxième album, on n'avait pas le choix de continuer.»

Les Galaxie 500 québécois ont trouvé un compromis avec leurs homonymes d'outremer: le nom resterait le même au Québec, mais deviendrait Galaxie tout court en Europe et aux États-Unis. «Ça n'a pas vraiment eu d'impact pour nous, même si la promo était partie en France et que c'était compliqué de changer de nom. Le monde nous appelait déjà Galaxie, souvent. Mais le nom ne veut plus dire la même chose. À la radio, ça n'a pas l'air très cool. Ça a l'air d'un nom de band de science-fiction.»

Olivier Langevin n'est pas le seul musicien à avoir ce type de problèmes. L'ancien bassiste de Led Zeppelin, John Paul Jones, rapportait récemment dans le Wall Street Journal qu'il avait essayé plusieurs noms avant de trouver celui de son nouveau groupe, qui comprend l'ancien batteur de Nirvana, Dave Grohl. Leur premier choix, Caligula, était déjà pris par sept autres groupes. Finalement, ils ont choisi l'alambiqué Them Crooked Vultures.

«Tous les noms sont pris, s'est plaint M. Jones. Vous trouvez un super nom de groupe et sur Google vous réalisez que des Canadiens français qui jamment ensemble l'ont déjà pris et ont leur propre page Myspace.»

Québec distinct

Le monde de la musique, particulièrement au Québec, est peu enclin à faire des vérifications de droits, confirme Guylaine Bachand, avocate spécialisée en droit du divertissement qui travaille depuis une vingtaine d'années sur des productions télévisuelles.

«Si on a un groupe dans une télésérie qui s'appelle Smiling Vomits, il faut absolument vérifier si le nom est libre de droits, dit Me Bachand. Pour un épisode d'une heure, il faut que je passe cinq à six heures pour vérifier. Les groupes américains, en particulier, sont forts pour déposer une marque de commerce. Je me souviens qu'en 2005, CBS avait une téléréalité appelée Rockstar Supernova. Le gagnant formait un groupe appelé Supernova et pouvait faire un disque. Un autre groupe avait déjà ce nom et CBS a été obligé d'appeler le groupe Rockstar Supernova.»

L'internet a changé la donne, selon Me Bachand. «Avant, je trouvais quelques noms avec Canada411. Mais avec Facebook, il y en a des dizaines. Les recherches vont aussi plus rapidement de l'autre côté. Avant, le petit groupe scandinave ne s'apercevait peut-être pas qu'il y avait un groupe de Drummondville avec le même nom. Il y a quelques années, une télé de Sherbrooke a été contactée par Moon Unit Zappa parce qu'il y avait un petit bout d'une chanson de Zappa dans une pub. Je me suis demandé comment elle avait fait pour le savoir. Puis j'ai réalisé qu'il existe maintenant des entreprises qui contactent les chanteurs célèbres en leur offrant de faire ce type de recherche.»

Les noms de groupes les plus populaires

Bliss : 18 groupes

Mirage : 15 groupes

One : 15 groupes

Source : Rovi (Allmusic)