Joel Miller, saxophoniste et compositeur à qui l'on doit des musiques parmi les plus singulières de la scène jazzistique montréalaise, invite vendredi et samedi le batteur new-yorkais Matt Wilson à se joindre à sa formation.

Pourquoi Matt Wilson, au juste?

«Parce qu'il swingue! répond Joel Miller. Parce qu'il est à la fois visionnaire et enraciné dans la tradition. Et parce que j'aime son plaisir de jouer, sa spontanéité, sa manière de réagir en temps réel. Écoutez ses albums Humidity, Arts & Craft ou The Scenic Route, vous comprendrez de quoi je parle.»

Ainsi, Joel Miller partagera la scène du club de la rue MacKay avec un de ses «héros» de la batterie, auquel se joindront le pianiste John Roney et le bassiste Fraser Holland. Matt Wilson a déjà joué avec Dewey Redman (avec qui Joel a déjà étudié un moment), sans compter Charlie Haden, Cecil McBee, Lee Konitz, Fred Hersch, Tim Hagans ou encore la trompettiste Ingrid Jensen, frangine de Christine et belle-soeur de Joel.

«Quand je dis qu'il swingue, reprend notre interviewé, cela peut sembler banal, mais il faut rappeler que le swing demeure le coeur de l'expression jazzistique. Plus on explore le swing en profondeur, plus notre musique en tire parti. Vous constaterez que la musique de Matt s'inscrit également dans la lignée d'Ornette Coleman. Il est très polyvalent, il peut aisément passer de la tradition à un jazz très contemporain. J'aime beaucoup ce qu'il propose en tant que leader mais aussi en tant que sideman. J'aime son style. De plus, j'apprécie on énergie en tant qu'être humain, j'aime sa spontanéité. Je crois bien que nous aurons beaucoup de plaisir à jouer ensemble!»

Ainsi, Joel Miller et Matt Wilson partageront leurs univers réciproques, bien que le batteur doive s'adapter à un groupe foncièrement montréalais. Brillante voire très originale, la musique de ce personnage relativement discret qu'est Joel finit néanmoins par surgir des craques du plancher... et ravir les jazzophiles les plus exigeants. En tant que leader, le saxophoniste compte six albums: Find a Way (1996), Playgrounds (1998), Sky Beneath My Feet (1999), ...and everything started to look different... (2001), Mandala (2004) ainsi que Tantramar (2008). En cette période d'austérité et de conservatisme en ce qui a trait à la culture de pointe, cet excellent musicien espère trouver le financement nécessaire pour enregistrer et rendre publiques une pléthore de compositions inédites.

D'ici là, rien n'empêche de l'entendre sur scène, n'est-ce pas?

Et voilà, grosso modo, l'esprit du programme de ce week-end.

«Nous allons jouer des compositions que j'ai récemment écrites, enfin des structures assez simples qui se prêtent à un tel contexte. En plus de jouer le piano, John Roney usera de claviers électroniques qui seront en relation avec les échantillonnages concoctés dans mon propre «laboratoire». L'électronique, il faut dire, n'est pas pour moi une expression à part entière comme c'est le cas des artistes électro ou des DJ; c'est un instrument qui s'ajoute aux autres, sur lequel je peux aussi compter.»

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Vendredi et samedi, le saxophoniste Joel Miller, le batteur Matt Wilson, le contrebassiste Fraser Holland et le bassiste John Roney se produisent à l'Upstairs.