U2 qui vend 160 000 billets à l'Hippodrome. Eric Clapton et Jeff Beck puis Peter Gabriel qui font de Montréal un arrêt obligatoire de leurs tournées-événements. Sting qui s'amène chez nous l'été prochain avec un grand orchestre, lui aussi. Plus que jamais, Montréal s'impose comme une escale obligatoire des grandes tournées rock et pop.

Eric Clapton et Jeff Beck, les deux ex-guitaristes des Yardbirds, n'ont joué ensemble que dans quatre villes cette année: Londres, New York, Toronto et... Montréal, lundi dernier. La tournée New Blood de Peter Gabriel se limite pour le moment à six métropoles: Paris, Berlin, Londres, New York, Los Angeles... et Montréal, les 28 et 29 avril. Imaginez: Gabriel ne s'arrête même pas à Toronto où loge Live Nation, l'organisateur en chef des plus importantes tournées mondiales.

 

Au Groupe Spectacles Gillett, qui est au coeur de toutes ces tractations, on se réjouit de ces bons coups. Gabriel? «Bien sûr, il y a le lien privilégié entre Peter Gabriel et Montréal depuis Genesis, mais il y a aussi qu'on est capables de satisfaire ses exigences: il veut répéter son spectacle et le donner dans un édifice de première qualité avec des outils à la fine pointe, et il est assuré de passer deux belles soirées, explique Jacques Aubé, directeur général du Groupe Spectacles Gillett. On pensait vendre 6000 billets par soir, mais ça s'est vendu en fou et Gabriel va sûrement donner deux spectacles à guichets fermés devant 7500 à 8000 fans. C'est le maximum pour ce concert qu'il veut intimiste.» «Dès qu'on a su qu'il partait en tournée, on a poussé fort pour avoir le spectacle de Gabriel, renchérit Nick Farkas, qui programme les spectacles pour GSG. Et on était vraiment contents d'apprendre que ce seront ses seuls concerts au Canada!»

Gabriel fait un pari audacieux avec ce spectacle avec grand orchestre, mais sans guitare ni batterie, et dont l'entière première partie sera composée de chansons qui ne sont pas de lui. La perspective de briser la glace devant un public montréalais qui lui est acquis doit lui sourire. Mais comment expliquer la venue de Beck et Clapton, qui n'a sûrement pas plus d'affinités particulières avec Montréal qu'avec une mégapole comme Chicago. Serait-ce parce que Beck a été accueilli en héros l'an dernier au Festival de jazz puis au Festival d'été de Québec? Aubé et Farkas ont eu vent de cette hypothèse, mais leur explication est plus simple. «On tenait vraiment à avoir Clapton, surtout qu'on avait raté sa dernière tournée avec Steve Winwood, dit Farkas. Quand j'ai su qu'ils joueraient à Toronto, j'ai insisté pour qu'ils viennent à Montréal. Peut-être que la venue de Beck au Jazz nous a aidés, mais honnêtement, je pense qu'on aurait vendu encore plus de billets s'il n'était pas venu à Montréal pour la première fois en 30 ans l'an dernier.»

Sting avec un grand orchestre

Quand on vend en un rien de temps 160 000 billets pour U2 dans un stade qui sera construit uniquement pour l'occasion, ça se sait dans le milieu où les mêmes promoteurs mettent sur pied les tournées mondiales des artistes les plus populaires. Jacques Aubé donne un autre exemple: «Madonna n'était pas venue à Montréal en 12 ans, mais elle a fait salle comble deux fois à chacune de ses deux dernières tournées. Ailleurs, ce n'était pas toujours plein. Ne soyez pas étonnés si elle donne trois spectacles à Montréal la prochaine fois.»

La semaine prochaine, le Groupe Gillett annoncera pour la fin juillet la venue de Sting qui, comme Gabriel, sera accompagné d'un grand orchestre, le Royal Philharmonic Concert Orchestra, sous la direction de Steven Mercurio. L'ex-leader de The Police interprétera ses grands succès et profitera de la présence d'un orchestre pour chanter des choses plus rares comme Russians, de son premier album solo. Comme Gabriel, Sting aurait insisté pour chanter à Montréal.

D'autres artistes qui veulent se produire à Montréal doivent passer un tour, comme les Eagles qui auraient pu s'arrêter ici en juin prochain. Mais voilà, la Ligue nationale de hockey demande que le Centre Bell soit réservé pour ses séries éliminatoires jusqu'à la mi-juin, et le Groupe Gillett a déjà programmé six autres concerts en juin qu'il va annoncer sous peu. «On va essayer de rattraper les Eagles à l'automne», dit Aubé.

Montréal est plus que jamais une escale obligatoire des plus grandes tournées. Le Centre Bell vient au deuxième rang des arénas les plus occupés en Amérique du Nord et on vend ici beaucoup de billets de spectacles pour une ville de la dimension de Montréal. C'est surtout à cause du public, insiste Jacques Aubé: «Mika a rencontré Geoff Molson sur le plateau de Tout le monde en parle, sans se douter qu'il parlait au propriétaire du Groupe Spectacles Gillett. Le public est tellement chaleureux à Montréal que les artistes veulent absolument revenir ici, lui a dit Mika.»

«Je me souviens d'un spectacle du groupe Rammstein il y a cinq ou six ans, raconte Nick Farkas. Ils venaient de donner quelques concerts aux États-Unis et ils étaient déprimés. Puis la foule du Métropolis s'est mise à chanter avec eux en allemand! On entend souvent des artistes dire que leur show à Montréal a été le meilleur de leur tournée. J'imagine qu'ils ne disent pas ça à tout le monde.»