L'auteure, compositrice et interprète Andrea Lindsay tentera ce soir, à l'Astral, d'attirer l'attention des mélomanes conviés à une panoplie d'activités au programme du festival Montréal en lumière. Avant la première de son nouveau spectacle, elle nous a accordé une entrevue autour d'un café.

«C'est comme si j'étais - comment dire? - dans l'oeil de l'orage», dit Andrea Lindsay avec ce charmant accent qui est le sien. Moins celui d'une fille de Guelph, en Ontario, ayant bien retenu ses leçons de français que celui d'une anglophone qui a passé beaucoup de temps, en France, à dompter les subtilités de notre langue.

L'accent est charmant, parce que la voix est belle, d'une jeunesse qu'on pourrait croire éternelle, comme sur ces vieilles chansons de Françoise Hardy et Petula Clark à qui on l'a souvent comparée lors de la sortie de son premier album, La belle étoile.

Charmant, aussi, pour ces légers écarts, ces mots qui se perdent dans la traduction. On n'a même pas envie de la corriger, l'image n'en est que plus juste. Devant un orage, on a tendance à observer, à laisser passer. La tempête a quelque chose de plus violent, effrayant.

L'orage médiatique a fini par se lever, lorsque la chanson Les yeux de Marie a conquis les radios. «Je ne m'arrête pas à l'intérêt qu'on porte à mon travail. Ça me fait plaisir lorsqu'on me le dit, par contre.»

«S'il y a une station qui m'a appuyée, c'est bien Radio-Canada, poursuit-elle. CKOI aussi, le soir, joue parfois mes chansons. Puis les régions. Reste que c'est difficile d'avoir tous les outils en main pour qu'une carrière marche.»

Le bon goût des années 60

Elle en sait quelque chose, ayant lancé à compte d'auteur son premier disque dans l'indifférence avant qu'on ne s'y attarde, qu'on redécouvre avec elle le bon goût des années 60 et que GSI s'empare de la blonde musicienne.

«Un bon label, ça aide, aussi, fait-elle. Tu sais, lorsque j'allume la radio, il n'y en a que pour Lady Gaga. Je n'ai rien contre elle, j'aime son travail, mais parfois, j'aimerais aussi entendre les chansons de mes amis musiciens.»

Deuxième disque

Pour la première fois à l'Astral, elle présentera les chansons fraîches de son deuxième disque, Les sentinelles dorment, lancé en octobre dernier. Encore plus raffiné que le premier disque, plus circonspect dans ses références musicales, de nouveau réalisé par le collaborateur Éric Graveline.

«Les gens me parlent beaucoup de la chanson Charleston, dit Andrea, amusée. J'avais un peu le complexe du deuxième album en le composant. À sa sortie, j'ai reçu un autre genre de feedback. D'autres vibes, mais de bonnes vibes. Il me fallait, dans ma tête, aborder ce deuxième disque sans avoir le premier comme référence. Il y a une tristesse, quelque chose d'autre dans Les sentinelles dorment, et les gens y répondent différemment. C'est plus mature, peut-être?»

Quant à la scène, elle est presque devenue une seconde nature pour la chanteuse. «J'ai passé une bonne partie de 2008, et presque tout 2009, sur la route, à donner des concerts. Beaucoup au Québec, notamment grâce à la bourse RIDEAU.»

«J'ai aussi passé du temps en France, poursuit-elle. En Belgique, j'étais surprise de voir des salles de 400 personnes! On m'a bien accueillie, là-bas. C'est drôle, parce que les gens ne sont pas certains d'où je viens. Même après 10 ans à Montréal, mon accent a changé: mes amis de France me disent que j'ai l'accent d'ici, et quand je retourne chez moi, mon anglais n'est plus tout à fait le même. L'autre jour, tiens, c'était chez le dentiste. On parlait de tout et de rien, et la réceptionniste m'a demandé si j'étais allemande! Je m'imagine des fois que les gens savent d'où je viens, or, ça me surprend encore lorsqu'on me dit des choses comme ça.»