Entre un concert de musique ancienne (Arion) et un concert de musique contemporaine (Aventa), j'ai choisi jeudi soir le récital d'un jeune pianiste de Québec inconnu ici, Maxim Bernard.

Présentement l'élève de Menahem Pressler aux États-Unis, le nouveau venu avait arrêté son programme à trois des grands noms qui nourrissent le répertoire des pianistes: Bach, Chopin et Liszt.

 

De Bach: la deuxième des six Partitas, la seule à comporter six mouvements au lieu de sept, la seule aussi qui ne se termine pas par une gigue. Cette musique conçue au clavecin, M. Bernard la transpose au piano avec les subtiles nuances de dynamique qui y sont possibles et qui ne le sont pas sur l'instrument ancien. Il évite à la fois toute imitation de celui-ci et toute emphase pianistique pour s'en tenir à l'essentiel: clarté des plans, indépendance des deux mains, netteté des ornements, relief donné aux reprises, qui y sont d'ailleurs toutes.

Ce Bach en place et musical sera le meilleur moment du récital. La troisième Sonate de Chopin et l'unique Sonate de Liszt sont de sommets du romantisme et ne vivent qu'à travers un engagement total de l'interprète. M. Bernard possède la technique et la puissance sonore requises (oublions quelques petites bavures dans le Liszt), mais il s'y est révélé à peu près nul au plan de l'expression. Même remarque sur ses Chopin et Ravel servis en rappel.

Bach peut exister sans cette expression, ce qui explique que la Partita de M. Bernard ait laissé un certain souvenir. Le reste était le fait d'un pianiste comme il y en a des centaines. M. Bernard a la franchise d'avouer son âge: 30 ans. C'est peu, mais c'est déjà beaucoup.

MAXIM BERNARD, pianiste. Jeudi soir, Chapelle historique du Bon-Pasteur. Programme: Partita no 2, en do mineur, BWV 826 (1727) - Bach Sonate no 3, en si mineur, op. 58 (1844) - Chopin Sonate en si mineur, S. 178 (1852-53) - Liszt