Nul n'est prophète en son pays? L'auteure, compositrice et interprète «canadian» Chantal Kreviazuk est là pour démentir le vieil adage. Dans son cas, ce serait même tout le contraire. Célébrée au Canada pour sa pop bien écrite, elle passe inaperçue aux États-Unis, où elle habite en partie avec son mari Raine Maida, leader d'Our Lady Peace. Rencontre avec cette belle inconnue (!), qui donnera un concert à l'Olympia demain soir pour promouvoir son plus récent album.

Après quatre disques lancés sur une major (Columbia/Sony-BMG), Kreviazuk doit aujourd'hui composer «avec la liberté de ne pas avoir la pression d'être dirigée tout le temps», comme elle dit. Plain Jane, son cinquième album en carrière, arrive sur l'indépendante Maple Music, qui l'a discrètement mis sur le marché au cours de l'automne, «sans les milliers de dollars de promotion qui vont avec la major, ni le sentiment d'être obligée d'en vendre des tonnes», dit-elle.

«J'aime me dire que ce disque finira par rejoindre les fans, que ceux-ci découvriront mes chansons», ajoute Chantal Kreviazuk qui, par ailleurs, parle un fort bon et charmant français, pour une anglo de Winnipeg.

Chez une artiste qui a vendu des centaines de milliers d'albums en carrière - ses Under These Rocks and Stones (1996) et Colour Moving and Still (1999) ont été certifiés double platine au pays -, la sortie, sans tambour ni trompette ou véritable offensive radio de Plain Jane peut être perçu comme un modeste retour à la scène. Qui ne semble pas déplaire à la musicienne, assure-t-elle: «C'est en phase avec ce qui m'occupe, ces temps-ci: écrire des chansons. Pour les autres, beaucoup.»

Chantal Kreviazuk, femme de l'ombre? Au Canada anglais, elle est encore reconnue comme une valeur sûre de la «pop adulte contemporaine», une pop assez bien faite dans le genre, comme en font foi ses douces et récentes chansons. Puis, ne se passe pas une cérémonie des prix Juno sans qu'on évoque son talent. «Alors qu'à Los Angeles, je dépose les enfants à l'école, je fais les courses, personne ne me reconnaît. Au Canada, je sens qu'on tient à moi. J'habite autant au Canada qu'en Californie, je ne voudrais pas trop m'éloigner de chez moi», dit-elle.

«En Californie, gagner un Grammy, c'est atteindre un but, ça compte, pour les autres, en tout cas. On me demande parfois ce que ça me fait de ne jamais avoir eu de succès radio aux États-Unis», ajoute-t-elle en répondant, sincèrement et en riant: «Really, I don't care!» Cette dualité, entre le vedettariat et l'anonymat, est d'ailleurs le thème principal des chansons de Plain Jane.

Succès des autres

Pourtant, ces dernières années, son succès est surtout passé par celui des autres. Elle a écrit, beaucoup, pour Avril Lavigne. Leur collaboration a d'ailleurs tourné au vinaigre en 2007 lorsque Chantal a accusé Avril de plagiat, au moment où cette dernière était justement soupçonnée d'avoir volé quelques autres idées... Mais elle est aussi, en partie, derrière le succès des Rich Girl de Gwen Stefani, Walk Away de Kelly Clarkson et Unapologize de Carrie Underwood.

Chantal Kreviazuk, la Linda Perry canadienne? La comparaison avec la très demandée compositrice pop (Pink, Christina Aguilera, James Blunt, Alicia Keys...) l'agace un peu. «Je n'écris pas pour la radio, mais... J'aime écrire pour d'autres. Les meilleurs flashs, par contre, je les garde pour moi!»

Et pour ses fans, qui l'entendront demain soir, à l'Olympia, avec la jeune Meaghan Smith, en première partie. Dès 20 h.