Le 44e Marché international de l'édition musicale (MIDEM), ce grand rendez-vous annuel de l'industrie du disque, s'est mis en branle samedi dernier à Cannes avec un optimisme que des années de déclin de ventes de CD et une crise économique mondiale ont inévitablement tempéré. Une délégation de 33 entreprises québécoises participe à la manifestation, ainsi qu'aux débats du volet MIDEMnet, qui portent sur les enjeux et défis de cette industrie malmenée.

L'ADISQ y est, bien entendu, tout comme les institutions, la Société de développement des entreprises culturelles du Québec (SODEC) et Musicaction, qui, par le biais de leurs subventions, soutiennent un groupe d'entreprises québécoises venues brasser des affaires et développer leur réseau de contacts.

Analekta, Dare to Care/Grosse Boîte, L'Équipe Spectra, Saboteur Musique, Indica, les Effendi Records et plusieurs autres sont déjà sur place. Quelques artistes, aussi, s'y feront voir et entendre: la mezzo-soprano Marie-Nicole Lemieux, le François Bourrassa Quartet, et, programmés à l'événement Canadian Blast!, les Montréalais Jason Bajada et Plants & Animals.

«C'est plus de participants d'ici que l'année dernière, mais la délégation québécoise a déjà été beaucoup plus importante dans le passé», indique Solange Drouin, directrice générale de l'ADISQ, rejointe à Cannes où elle prépare, depuis une semaine, l'aire québécoise du grand marché, un espace tout neuf sobrement baptisé «Musique du Québec».

Cette décroissance de la présence québécoise au MIDEM est le reflet d'une tendance que Solange Drouin qualifie de «marquée». Le MIDEM perd des participants: la fréquentation est en baisse de 12,5 % cette année, par rapport à 2009. En gros, c'est tout de même près de 7000 industriels qui y prennent part et environ 400 journalistes de partout au monde, mais principalement d'Europe. Cette année, la scène musicale d'Afrique du Sud est à l'honneur.

Franz Shuller, patron des disques Indica (Les Trois Accords, Xavier Caféïne) qui participe pour la première fois au MIDEM, explique cette situation en dénonçant les frais «ridiculement chers» d'inscription pour participer à l'événement. «Compte tenu du contexte de l'industrie, j'ai l'impression que les organisateurs sont complètement déphasés.»

Des améliorations

«La récession n'aide pas, c'est certain; l'organisation du MIDEM a dû réagir, après avoir consulté certaines délégations, dont la nôtre», indique la directrice générale de l'ADISQ. Parmi les améliorations apportées au MIDEM pour le rendre plus séduisant, l'introduction de sessions de «speed networking»: d'intenses plénières pour inviter les participants à faire un maximum de rencontres et de nouveaux contacts. Autre nouveauté, le MIDEMnet Lab, où une quinzaine de jeunes entreprises musicales sur la Toile viennent exposer et expliquer leurs produits.

«C'est ce qui nous intéresse le plus, la possibilité de discuter avec des industriels de partout au monde pendant ces sessions intensives de réseautage», fait valoir Claire Morel de Grosse Boîte/Dare to Care, le label des Malajube et Coeur de Pirate, qui a chanté samedi soir dernier au gala NRJ Music Awards, célébrations d'ouverture officieuses du MIDEM.

Un gros rendez-vous

Franz Shuller, lui, a déjà une centaine de rendez-vous à son agenda durant les cinq jours du MIDEM. «J'y vais, non pas pour retrouver des gens que je connais déjà, mais pour faire de nouveaux contacts. J'ai des rendez-vous avec des Coréens, des Japonais, des Libanais. C'est ça, l'intérêt des foires comme le MIDEM. Et la force du MIDEM, c'est qu'il est encore le plus gros de tous les rendez-vous de l'industrie.»

Enfin, le MIDEM permet aux observateurs de dresser un bilan de santé de l'industrie du disque, par le biais des discussions et débats professionnels qui s'y tiennent. Cette année, le thème du MIDEMnet est clairement défini: comment transformer les nouvelles initiatives musicales sur le web en argent sonnant et trébuchant.

Malgré toutes les bonnes intentions et les réjouissances face à la croissance des revenus tirés de la vente de fichiers musicaux en ligne, une première mauvaise nouvelle hante déjà le congrès. Deezer, l'un des plus gros joueurs du marché de la diffusion musicale en ligne (streaming), une entreprise française par surcroît, serait menacée de fermeture à la suite du renvoi, inattendu, de son PDG...