Devant le cinéma Beaubien, les passants se retournent, éberlués: en cet avant-midi glacial, qui est donc ce(tte) grand(e) blond(e) vêtu(e) d'une combinaison dorée et de talons aiguilles rose nanane? C'est Patrik, leader flamboyant du groupe glam-rock-disco-en français Patrik et les Brutes, dont le spectacle Comme au cinéma est présenté mercredi au Club Soda. Showtime, mesdames et messieurs, showtime...

Et si nous sommes au cinéma Beaubien, c'est bien sûr pour prendre des photos «concept» inspirées du titre du spectacle de Patrik, chanteur, accordéoniste, égérie androgyne des «nuits de Montréal». Non, ce ne sera pas un spectacle de covers, de parodie ou de lip-synch. Que du matériel original, des compositions à mi-chemin entre Blondie, Queen, The Ramones et Village People mais en français, toutes sur le premier album de Patrik et les Brutes: Toutes les filles sont folles de moi a été enregistré avec des musiciens rock clés de la scène montréalaise et lancé en novembre dernier.

«Mais il n'y avait pas de raison pour moi de sortir un disque si ce n'était pas pour faire un show, explique sérieusement Patrik. Je ne l'ai pas fait d'ailleurs en pensant aux tendances du moment, mais bien en imaginant de quoi ça aurait l'air sur scène.» Car, sous ses allures sexy, Patrik est un fin connaisseur de musique, de rock et de spectacle: son précédent projet, One-976 (en anglais), en témoignait. C'est pour cela qu'une fois ses chansons en français écrites, l'ex-maquilleur de Coupe Bizarre a cherché un réalisateur sur l'internet. C'est le site de Ryan Battistuzzi qui a retenu son attention.

Ryan a été l'ingénieur de son et/ou a joué de la guitare avec Malajube (c'était lui l'ingénieur de son de Trompe-l'oeil), We Are Wolfes, Bonjour Brumaire, les Breastfeeders, Yesterday's Ring... Disons que le mariage glam (Patrik et son look d'enfer) et garage (Ryan, très très discret) surprend a priori: «C'était un défi super, explique Ryan. Tous les autres albums auxquels j'ai participé ne sont pas du tout dancy. Avec Patrik, chaque toune doit être un party. L'important, c'était aussi de garder le personnage de Patrik. Je n'avais jamais participé à un projet comme ça, on a choisi les musiciens ensemble, j'ai vraiment aimé ça.»

Pour ses chansons, Patrik s'est inspiré notamment du répertoire de Jacques Dutronc: «Ses chansons sont très dansantes, très bien écrites et avec un humour, une ironie que j'aime. Et puis, il y a une petite connotation «groupie années 60» qui me plaît dans tout cela, une espèce d'insouciance que je voudrais transmettre aux spectateurs. Tout le monde est trop préoccupé par «qu'est-ce que ça veut dire, c'est quoi le message». C'est pas toujours nécessaire, un message. Moi, j'écris des chansons qui sont comme des vignettes, des petites scènes de cinéma, généralement avec un personnage, un décor, une ville... J'ai pas une seule maudite chanson de rupture, ça va faire du bien! Il y a une journaliste qui a dit de mon disque que c'était une trame sonore de film de Tarantino, ça, ça m'a fait vraiment plaisir!» Et pourquoi as-tu baptisé ton groupe les Brutes? «Je cherchais quelque chose qui évoquerait le côté kitsch des années 70, et j'ai soudain pensé au parfum pour homme Brut 33! Patrik Brut, ça ne sonnait pas bien, mais Patrik et les Brutes, oui.»

Le spectacle promet: une première partie qui n'est pas musicale, mais visuelle, disons (pensez au titre du show), des invités spéciaux, peut-être même une manière d'hommage à Pierre Lalonde... et bien sûr, Frère Jacques chanté en canon, comme on peut l'entendre en morceau caché sur l'album. Tout cela, plus un spectacle rock, énergique, dansant au max, disco, glam, garage - comptez sur le DJ qu'est aussi Patrik pour vous concocter un setlist béton. «Et n'oublie pas de mentionner mes changements de costumes, précise avec humour le chanteur à la chic coupe Claude Valade. Tout mon mégabudget va passer dans les costumes!».

Patrik et les Brutes, Comme au cinéma, mercredi, au Club Soda.