Oisif dans l'âme, faux cynique mais vrai timide au regard masqué derrière ses lunettes noires, Jacques Dutronc va retrouver son public après 17 années d'absence sur scène et sillonner la France en 54 dates avec un crochet à Genève le 5 février et à Bruxelles le 12 mars.

Une tournée pour laquelle le dandy de 66 ans semble attendu tel le Messie. Les cinq concerts prévus au Zénith de Paris de mardi à samedi affichant tous complets, la production a ajouté trois dates supplémentaires pour les Parisiens, les 3, 4 et 5 juin au Palais des Sports.

La dernière prestation de Dutronc sur scène, elle-même précédée d'une longue absence, avait marqué les esprits. À la fois distingué par le métier qui lui décernait, en 1993, la Victoire de la musique de la performance musicale de l'année, le public le plébiscitait aussi pour l'album live du concert, écoulé à 600 000 exemplaires, soit un exploit en matière discographique.

Cette rareté sur scène du dandy au cigare Lusitania et au perfecto noir n'est pourtant que l'expression de son modus vivendi, selon lequel il fait bien meilleur à paresser dans sa villa de Monticello (Corse) et faire la conversation aux chats qu'il a recueillis et avec lesquels il dit vivre une relation aussi télépathique que fusionnelle.

À l'annonce de cette nouvelle tournée, qui pourrait aussi être sa dernière, Dutronc reconnaît que l'idée en est venue d'un défi avec son fils Thomas, qui devait initialement faire partie de l'aventure avant de se rétracter et de laisser son père seul, face aux feux des projecteurs.

Cette oisiveté légendaire devenue marque de commerce explique aussi pourquoi les chansons de la tournée constitueront, au grand bonheur des fans, un saut dans le passé et plus particulièrement dans la période prolifique allant de 1968 à 1976.

À la manière d'un juke-box, ce sont quelque 24 titres dont une bonne moitié de succès que Dutronc passe en revue dans un récital de près de deux heures aux tonalités très rock, en donnant le coup d'envoi avec Et moi, et moi, et moi, également utilisé pour clore le spectacle.

Les grands succès de l'époque yé-yé, alors qu'il était signé sur le label «Vogue» constituent l'épine dorsale du spectacle, depuis Les Cactus, à J'aime les filles, en passant par La Fille du père Noël, Gentleman cambrioleur, L'Opportuniste sans oublier Il est cinq heures, Paris s'éveille, titre devenu depuis un classique du répertoire de la chanson française.