Comme en 2006, c'est à Bernadette qu'on a confié la mission de faire danser des dizaines de milliers de spectateurs au Grand bal du Nouvel An, le 31 décembre à la place Jacques-Cartier. À la différence que depuis trois ans, le groupe néo-trad montréalais a changé et qu'il a désormais un album dans ses bagages.

Francis Farley-Lemieux, auteur-compositeur, guitariste et chanteur de Bernadette, garde un beau souvenir du concert en plein air du 31 décembre 2006. On le comprend: passer du jour au lendemain du Pub Saint-Paul à la grande scène de la place Jacques-Cartier devant 20 000 spectateurs, ça ne s'oublie pas. D'autant plus qu'à l'époque, Bernadette n'avait pas encore enregistré son premier album éponyme.

«Une foule pareille, ça te donne une énergie, une drive incroyables, dit-il. Quand tu joues dans une salle pleine ou devant une grosse foule dehors, il y a une espèce de chaleur, d'engouement qui se crée, qui se propage dans la foule et qui se rend jusqu'à toi. Tu dis: êtes-vous en forme? Et tout le monde crie: oui! Quand on nous l'a redemandé cette année, on a dit oui, c'est sûr!»

La musique de Bernadette, baptisé ainsi en souvenir de la grand-mère de Farley-Lemieux, est faite sur mesure pour un party du 31 décembre: un peu trad, un peu folk, et surtout très entraînante. Mais, comme les Cowboys Fringants et Mes Aïeux, les cinq jeunes musiciens y intègrent du rock et de la pop et les textes de Farley-Lemieux témoignent de ses préoccupations actuelles, personnelles ou plus sociales.

«Oui, il y a des accents traditionnels, du folk certainement, mais on s'éloigne un peu de tout ça, précise Farley-Lemieux. Le rigodon, c'est un art très noble, les musiciens qui en font sont excellents. Sauf que c'est très étiqueté «temps des Fêtes» et «jour de l'An» alors que si on fait quelque chose de plus rock, pop ou folk, ça devient une musique qu'on peut écouter à l'année.»

Mais comme il s'agit du Grand bal du Nouvel An, qui fêtera son 10e anniversaire, Bernadette va jouer à fond la carte de la musique festive, rassembleuse, quitte à reprendre des chansons du répertoire traditionnel que tout le monde connaît comme Dans la prison de Londres. Le groupe va monter sur scène vers 22h45 et réchauffer la foule jusque vers 23h55 avant un petit discours de circonstance et le feu d'artifice gracieuseté de Royal Pyrotechnie, Jupiter d'or 2009 du Concours international d'art pyrotechnique de Montréal. Puis Bernadette va revenir faire la fête jusqu'à 1h.

Le fruit de leurs efforts

Enregistré en 2007 et produit à compte d'auteur, le premier album de Bernadette a eu droit à un deuxième lancement plus médiatisé au début de 2009 à la suite de son association avec le producteur Jean-Pier Doucet. Deux des membres qui ont participé à l'album ont cédé leur place à des musiciens dans la jeune vingtaine, sortis des écoles de musique. Ainsi, la clarinette d'Andréanne Lefebvre, très présente sur le disque, a été remplacée par un accordéon, joué par Amélie Poirier-Aubry.

«On a privilégié la chimie avec la musicienne plutôt que de remplacer l'instrument par un semblable, dit Farley-Lemieux. Amélie a une super belle énergie, elle veut. Aujourd'hui, ça va bien, on commence à faire un petit peu de sous avec ça, mais au début, ça prend quelqu'un qui a envie de faire partie d'un groupe de musique et qui est prêt à le faire sans que ça soit payant. Tranquillement, on commence à récolter le fruit de nos efforts, mais c'est plus facile avec un musicien qui est motivé. Et puis, l'accordéon, ça marche au boutte avec la musique qu'on fait!»

Détenteur d'un baccalauréat en génie électrique, Farley-Lemieux a étudié la scénographie pendant quatre ans à l'École nationale de théâtre par la suite. Il a collaboré au spectacle Ovo du Cirque du Soleil, ainsi qu'à la production Sacré coeur du Nouveau Théâtre Expérimental et à la comédie Au champ de Mars qui sera créée à La Licorne, à la fin de janvier 2010.

Mais rien ne le rend plus heureux que la progression de Bernadette, dont l'album s'est écoulé à près de 2000 exemplaires. Il a hâte au Grand bal.

«Quand je vais voir un spectacle, j'aime danser, dépenser de l'énergie et en sortir tout en sueur, dit-il. Cette soupape, j'ai envie de la recréer avec le public qui peut venir danser, taper des mains et penser à autre chose.»

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Le Grand bal du Nouvel An, spectacle gratuit en plein air à la place Jacques-Cartier, le 31 décembre en soirée.