Elles sont une vingtaine, s'appellent Wunderla, Honey ou Miss Miss et chantent sur des rythmes tribaux vêtues de tuniques psychédéliques: Gaggle est une chorale «alternative» interdite aux hommes, qui vient dépoussiérer la scène rock britannique.

«Gaggle, c'est l'instrument le plus puissant qui existe aujourd'hui: ça sonne très fort, a environ quarante jambes, vingt cerveaux, est enthousiaste, positif, a confiance en lui», explique Coughlin, la chef de file du groupe.

Après une expérience dans un groupe «classique» baptisé 586, Coughlin, une jolie et énergique jeune femme brune, a eu l'idée de fonder Gaggle en réaction à la scène rock britannique où «tous les groupes sont très semblables» et «pour la plupart mauvais».

«Je me suis dit que si je réunissais plein de femmes et que je créais cette espèce de gigantesque orgue féminin, ce serait quelque chose de vraiment puissant et inédit», dit-elle.

Coughlin a commencé à recruter des amies, puis des amies d'amies... Au total, une vingtaine de femmes de 21 à 39 ans, d'horizons très divers : des professeurs, des artistes, des chômeuses, un docteur...

«Gaggle est comme un réseau social, nous prenons toutes soin les unes des autres», sourit Sugget, qui souligne que ne pas rechercher la célébrité est une des conditions requises pour faire partie du groupe.

Sur le site internet de la chorale, chaque membre est libre de poster des billets allant du poème au journal intime en passant par des articles sur la prostitution.

En revanche, Coughlin est seule en charge d'écrire les textes et la musique, avec son ancien partenaire dans 586, et souligne que si le projet est expérimental, elle entend qu'il soit mené de façon professionnelle.

Pour fonctionner, le groupe a ainsi mis en place des règles de vie: «tu ne mens pas aux autres, tu dois être à l'heure, tu ne couches pas avec le petit ami d'une autre...»

Le nom du groupe - «troupeau» en anglais - résume à lui seul cette étrange expérience. «C'est utilisé comme un terme désobligeant pour désigner quelque chose de bruyant et de désorganisé, alors qu'un troupeau est en fait incroyablement organisé», souligne Coughlin.

Les membres de la chorale se présentent sur scène vêtues de tuniques ethniques, le visage recouvert de peintures psychédéliques. Soutenues par des rythmes électroniques, leurs harmonies vocales sont puissantes, tribales. Les textes, rageurs et pleins d'humour évoquent des ruptures, les mensonges des hommes, l'abus d'alcool... Gaggle a déjà à son actif des performances remarquées dans des festivals outre-manche.

«Nous sommes toutes intriguées de voir où ça va nous mener, alors maintenant nous attendons la suite», s'enthousiasme Green.

Le groupe a été repéré par les organisateurs de South by Southwest, la grande convention annuelle des professionnels de la musique à Austin (Texas), considérée comme un tremplin pour les nouveaux groupes. Gaggle prévoit aussi un album, mais pourrait aussi se transformer en quelque chose de totalement différent.

«Gaggle n'a pas à être forcément une chorale, certaines filles travaillent ensemble pour créer des vêtements, d'autres sont en train de monter une entreprise dans la restauration...», explique Coughlin.

Mais il n'est toujours pas question d'y accepter un homme : «On devrait d'abord lui couper les ...!», s'esclaffe-t-elle.