Le groupe folk traditionaliste anglo-montréalais Lake of Stew a fait les manchettes l'été dernier pour sa participation, décriée par certains, à l'Autre Saint-Jean dans le quartier Rosemont, l'une des deux présences anglophones de cette affiche qui tenait Malajube et Vincent Vallières à sa tête. La poussière aujourd'hui retombée, le groupe a lancé au cours des derniers jours Sweet as Pie, son deuxième album, sur l'étiquette Dare to Care. Retour sur une année mouvementée.

«Pour nous, ce fut une tempête dans un verre d'eau», commente Richard Rigby, compositeur, chanteur, guitariste/multi-instrumentiste de Lake of Stew, en évoquant la levée de boucliers nationalistes qui a donné un air de controverse aux chansons du spectacle l'Autre Saint-Jean.

«A lot of bullshit about nothing. Mais ça nous effrayait aussi, parce qu'on ne savait pas ce qui allait arriver, avec toutes ces rumeurs et menaces proférées à notre endroit, à mon endroit personnel, sur les blogues et les forums de discutions. En même temps, on a eu beaucoup d'appuis, de partout au Québec, surtout de la part des francophones, et ça nous a fait chaud au coeur. On s'est sentis acceptés.»

On connaît le dénouement de l'histoire: une poignée de manifestants ont bruyamment tenté de perturber la performance de Lake of Stew. Le groupe a joué, en plein après-midi, quelques-unes de leurs colorées chansons. Ainsi qu'une reprise: Harmonie du soir à Chateauguay. «Bien sûr qu'on l'a rejouée depuis, elle fait partie de notre répertoire, assure Rigby. Beau Dommage, ça jouait tout le temps à la radio. De plus, puisqu'on vient presque tous de Chateauguay, ça fait encore plus de sens...»

Rigby, début quarantaine, s'active sur la scène musicale montréalaise depuis plus de 20 ans, assurant la basse dans un chapelet de petits groupes punk de la ville, au courant des années 80, collaborant même avec Bran Van 3000 lors de l'enregistrement de Glee, au milieu des années 90, alors qu'il faisait partie du groupe rock-pop Shine Like Stars. Du punk au folk, il n'y a qu'un pas, selon le musicien, très simple à franchir.

«Il faut écouter les textes de ces vieilles chansons blues et folk du début du siècle, dit Richard. Il y en a une, dont on ne connaît pas l'auteur, qui parle d'aller abattre des policiers, une autre qui suggère de faire pousser son pot! Comme quoi le punk n'a rien inventé.»

«Mais pour tout dire, enchaîne-t-il, je me suis lassé de la batterie. De la guitare aussi. Les deux ensemble, tout le temps. J'avais juste envie de prendre une guitare acoustique et chanter des chansons.» Cinq autres amis ont eu la même bonne idée: composer des chansons originales pour les interpréter dans une forme qui, elle, n'a plus rien d'inventif. Ou, sinon, dans le subtil mélange des genres de racines que Lake of Stew propose.

«Techniquement, nous sommes un groupe vocal, à cause de l'accent mis sur nos harmonies. Mais nous sommes aussi dans la tradition des string bands, on fait de la musique folk», à coup d'accordéon, de banjo, de mandoline, de guitares... «Pas exactement bluegrass, ni blues, ni gospel, ni country», juste un heureux mélange de tout ça.

Ce deuxième disque de Lake of Stew a profité des bons soins du réalisateur torontois Ken Whiteley, «un gars qui sait bien faire sonner les musiques acoustiques, un pro de l'enregistrement gospel et blues au pays», abonde Rigby. Le son, capturé live, possède ce quelque chose qui rend attachante cette bande de hillbillies urbains.

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EN UN MOT

Lake of Stew, traditionalistes des musiques de racines nordaméricaine, lance un nouvel album sur Dare to Care label des Malajube, We Are Wolves...

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FOLK

LAKE OF STEW

Sweet As Pie

DARE TO CARE