Tous les espoirs reposent sur le groupe torontois Die Mannequin, mené par la bouillante Care Failure (Caroline Kawa, sur son certificat de naissance), qui n'a que faire des attentes.

La chanteuse fonce: «La seule pression que j'ai, c'est celle que je me mets. J'essaie simplement de faire de mon mieux.» Les patrons de Warner Music, la major qui a mis en marché le premier disque du groupe, Fino + Bleed, n'ont qu'à la laisser en paix.

En jasant du rock d'ici, au tout début de l'entrevue, Care Failure se réjouissait de la victoire de Fucked Up, lauréat du prix Polaris. Ça fait changement de l'indie rock canadien. «I fuckin' hate that politically correct shit, balance-t-elle. Tellement uniformisé, tout ça...»

Vous commencez à comprendre que le groupe de Care Failure revendique plutôt un rock franc, punk sur les franges, pas forcément original, mais fort bien tourné, corrosif et, surtout, remarquablement senti. Authentique. Et, pour la principale intéressée, salvateur.

Un autre cliché qu'elle fait sien: le rock'n'roll qui sauve sa vie. «J'ai grandi en écoutant Kurt Cobain, Kim Gordon (Sonic Youth). Ils sont mon père et ma mère. Je sais que c'est un cliché. Je les entends, ces stars, rockeurs, rappeurs, qui disent que la musique a sauvé leur vie, que sans elle, ils seraient en prison, disons. J'y suis allée, moi, en prison. La musique m'en a sortie.»

La prison? La cure de désintoxication, plutôt, mais c'est tout comme, selon elle. Nécessaire escale, il y a trois ans seulement, pour se débarrasser d'une dépendance à l'héroïne. Elle avait à peine 20 ans, mordait déjà dans le rock avec le groupe The Bloody Mannequins - devenu Die Mannequin lors de la parution du premier EP, How to Kill, qui lui a permis de se faire remarquer. Si jeune, mais déjà talentueuse brûleuse de planches et déjà sur le radar des dépisteurs de l'industrie torontoise de la musique.

Un groupe qui tourne

Fino + Blood est le premier album studio officiel du groupe, lancé l'été dernier. Depuis, c'est tournée après tournée. L'année 2010 est presque toute planifiée. Care ne s'en plaindra pas: «Lorsque je ne suis pas en studio ou en tournée, je ne sais pas quoi faire, je tourne en rond.»

«Je suis fière de l'album», affirme-t-elle. Flairant le bon rock caractériel - un peu de Cramps, un peu de Ramones, quelque part entre le garage rock et le punk, avec un côté mélodique accrocheur -, Fino + Blood réussit à garder l'équilibre entre la débauche et la compromission. «Il y a d'autres chansons que j'aurais voulu mettre sur le disque, mais bon, puisque la scène m'appartient totalement, je les jouerai là...»

Le label lui aurait-il tordu le bras? «Question de négociations, c'est parfois difficile, mais en réalité, ces chansons vont probablement paraître sur des éditions spéciales du disque. Curieusement, ils ont laissé passer d'autres chansons qui auraient pu être plus polémiques. Par exemple, le label tenait à ce que Miss Americunt soit le premier extrait. Je passe mon temps à chanter «cunt, cunt, cunt» (sexe féminin) dans cette chanson!»

La chanson a beau dénoncer la violence gratuite, «je leur ai suggéré que ce n'était peut-être pas une bonne idée pour un premier extrait...» précise Care Failure. Après avoir tourné en première partie de Guns'N Roses (en 2006) et Marilyn Manson (l'an dernier), Die Mannequin tient maintenant le haut de l'affiche. Le groupe offre un spectacle à la boutique Underworld samedi.

«Je ne sais pas trop si je me reconnais dans ces jeunes fans lorsque je donne des concerts pour tous les âges. Je n'y pense pas - en fait, je ne pense pas beaucoup en général, comme tu as dû le comprendre! -, mais j'ai quand même toujours en mémoire cette époque où je découvrais la musique que j'aime, et que je tombais amoureuse de chansons, de disques. Ce sont des moments importants dans notre vie.»

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Die Mannequin. Samedi soir au Underworld, 251, rue Sainte-Catherine Est.