Découvrir la reprise de sa chanson Le chat du café des artistes devant La Presse et Cyberpresse. Jean-Pierre Ferland a gracieusement accepté de patienter lorsque nous lui avons fait cette proposition. Notre équipe s'est donc rendue à son domaine de Saint-Norbert afin d'enregistrer sa réaction à chaud.

Par un beau jour de novembre, Jean-Pierre Ferland nous accueille dans la rallonge ensoleillée de sa demeure. Il actionne la commande à distance, les basses fréquences envahissent la maison entière. «Boum... boum... boum... Quand on est mort, c'est qu'on est mort...»

Au départ amusé par la voix susurrée de Charlotte Gainsbourg, son visage s'illumine lorsque les cordes se manifestent. «Je le savais!» s'exclame-t-il avant de se recueillir de nouveau. Lorsqu'il repère les guitares acidulées à la fin, il répète à deux reprises: «Ça, c'est nouveau...» La pièce se termine, Jean-Pierre rit doucement.

«Je n'ai aucune surprise... Je savais que Beck était pour faire ça. Charlotte Gainsbourg pouvait faire ce qu'elle voulait avec les paroles. Ce qui était important pour moi, c'était l'orchestration (acoustique) de Buddy Fasano. Qui est exactement la même, avec un peu plus de bottom, doublée avec des instruments électriques et de l'électronique. L'esprit de la chanson est respecté.»

Créée à Paris avec le compositeur de l'album Jaune, Michel Robidoux, la structure musicale du Chat faisait à l'origine 2 minutes 30. «Moi, j'arrivais avec "Quand on est mort, c'est qu'on est mort" avec ma petite guitare, alors que Buddy Fasano proposait cette immense introduction. Robidoux et moi avions fait une petite chanson, Buddy Fasano en avait fait une grande.»

On écoute de nouveau Charlotte Gainsbourg. «La petite voix, c'est très mignon. On dirait que la vedette, c'est l'orchestration et que l'interprète la soutient! À l'époque, on enregistrait à la française, la voix restait au premier plan, par-dessus la musique. Là, c'est tout à fait le contraire, bien que je n'aie pas perdu une seule parole dans l'interprétation de Charlotte Gainsbourg. Elle ne fait pas que réciter. Elle a de l'âme, cette fille!»

On réécoute encore. «C'est dans le souffle que ça se passe, observe Ferland. Mais ça va bien avec la chanson. C'est neuf. Il n'y a pas d'invention musicale, mais il y a une invention sonore. Lier la petite voix de Charlotte Gainsbourg à un arrangement aussi puissant, c'est difficile à faire.»

C'est alors qu'on sent notre homme assurément conquis. «Plus tu l'écoutes, meilleur c'est. Je suis fier! Les guitares électriques à la fin, j'adore!»

Pour certains, Le chat est l'une des plus importantes chansons de Jean-Pierre Ferland, sinon la plus grande. Qu'en pense-t-il? «C'est une question d'âge. S'il était encore vivant, mon père redirait que sa meilleure est Je reviens chez nous. Allons aux antipodes avec La musique, ma préférée, que j'ai reprise récemment avec Florence K. Trois accords, presque rien pour que priment les paroles.»

Ce n'est pas la première fois que le répertoire de Ferland franchit les frontières. «Nana Mouskouri avait enregistré Je reviens chez nous en plusieurs langues, ce qui m'avait permis de payer toutes mes dettes - antérieures et ultérieures! Ce fut un succès extraordinaire! Encore récemment, plusieurs jeunes pas très connus ont repris mes chansons. Il y a eu d'autres versions du Chat, d'ailleurs.»

«Ce qui me touche, conclut-il, c'est qu'une jeune chanteuse avec un jeune réalisateur américain reprennent une de mes chansons. Ça chatouille mon ego! Je ne sais pas jusqu'à quel point ça va marcher. Mais j'aime que cette chanson soit encore en vie.»