Lundi dernier, Claire Pelletier et son Pierre (Duchesne) ont pris la route vers Montréal. Quelques interviews planifiées pour causer de Six, nouvel album studio de la chanteuse créé dans les studios du couple à Shefford.

Une aura de lumière bienveillante se dégage de ces humains encore amoureux après 27 ans d'union - de laquelle est née Lysandre, âgée maintenant de 26 ans. On le leur souligne, des sourires se déploient.

«On fait tout ensemble, même du sport. On se donne quand même des périodes de travail solitaire. Comme tous les couples, on se tiraille un peu, on règle nos chicanes en famille», explique la chanteuse.

Financièrement autonome, le couple s'est pris en main depuis plusieurs années déjà en devenant propriétaires de ses moyens de production; Marie-Pierre Arthur, Navet Confit et Renée Martel y ont enregistré récemment. En plus d'être un bassiste et un contrebassiste des plus compétents, Pierre Duchesne est un réalisateur réputé. Il sait aussi arranger pour cordes, cuivres ou sons de synthèse. Et compose, on s'en doute bien, aux côtés de sa douce. Toutes les musiques de Six ont été créées à deux. «Pierre fait surtout les progressions harmoniques, je m'implique plus dans les mélodies», explique sa compagne.

«On tenait à ce que quelqu'un d'autre remixe l'album; Ghyslain Luc Lavigne», indique-t-elle néanmoins. Pierre corrobore: «À un moment donné, j'avais le nez collé contre l'arbre et je ne voyais plus la forêt. Composition, arrangements, prises de son, mastering... ça fait beaucoup!»

Six

Petit train est allé loin... et voici le nouvel opus. Et pourquoi Six?

«C'est le sixième album de ma carrière et les chansons comportent beaucoup d'accords de 6e. C'est par hasard que Pierre en a prévu autant dans ce disque», souligne Claire.

Cinq ans après la sortie de Ce que tu donnes, Six aboutit enfin. Long processus qui fut entrecoupé de la création du Premier Noël, un album fin et créé avec grand soin.

«D'ailleurs, annonce-t-elle, j'amorce cette semaine la préparation de mes concerts de Noël; trois soirs sont prévus avec l'Orchestre symphonique de Longueuil, un autre avec l'Orchestre symphonique de Chicoutimi.»

Cette parenthèse heureuse, indique la chanteuse, avait été précédée d'une phase laborieuse: «Avant de faire l'album de Noël, nous avions fait une première tentative. Je m'étais finalement enfermée dans un concept trop hermétique. Je reprenais des termes de musique classique, je voulais les associer à d'autres mots, un prétexte pour aller ailleurs. Ainsi, j'allais encore raconter l'histoire des autres alors qu'au fond de moi, je voulais m'affirmer, parler au "je" de mes préoccupations d'aujourd'hui.»

«Dès janvier 2008, je m'y suis remise. Et j'ai voulu créer autour de l'idée du désenchantement. Sans en souligner à grands traits les illustrations, sans attitude moraliste. Cette idée avait été déclenchée lorsque j'avais lu un article sur la culture du maïs pour produire de l'éthanol. Énergie verte? Rien de plus faux. Un an plus tard, on a bien vu ce que ça a provoqué: une des pires crises alimentaires. Au Brésil, c'est la canne à sucre... C'est effarant!»

Thématique

Désenchantement, donc. Pour servir cette thématique d'ensemble, Claire Pelletier a mis à contribution des auteurs d'expérience: Michel X. Côté, Sylvie Massicotte, Marc Chabot.

Des exemples?

Désenchantement de l'environnement: La chanson Tsingy. «Elle évoque une réserve naturelle classée patrimoine mondial par l'UNESCO. Or, on vient de se rendre compte qu'il s'y trouve des gisements de saphir. Et comme on connaît la conscience environnementale des industries minières... Sylvie Massicotte m'a fait un beau texte à partir de cette idée.»

Désenchantement de l'amitié: Ma vie est remplie par un désert. «On parle beaucoup des peines d'amour, rarement des peines d'amitié. Ça fait mal aussi! Comme moi, Sylvie Massicotte aussi a vécu une telle rupture.»

On en passe, bien évidemment.

«Même si certains textes peuvent s'avérer sombres, la musique reste lumineuse», fait observer Claire Pelletier.

Le désenchantement, souligne la chanteuse et compositrice, n'exclut pas l'espoir, qui s'exprime aussi dans Six. Entre autres dans Nos coeurs d'enfant. «L'amour est dans l'oeil de l'émerveillement», y résume Marc Chabot, non sans grâce.

Du désenchantement à l'espoir, somme toute.

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En un mot

Liée depuis 27 ans au bassiste, compositeur et arrangeur Pierre Duchesne avec qui elle crée et mène sa vie de chanteuse, Claire Pelletier vient de lancer Six, son sixième album solo.

CLAIRE PELLETIER

SIX DISQUES

OUÏE-DIRE/SÉLECT