Pour plusieurs, Alex Cuba crée de la musique... cubaine. Bien évidemment, son nom d'artiste s'inspire du pays qui l'a vu naître, qui l'a nourri et qui l'a éduqué avant qu'il ne devienne adulte et décide de quitter son île. Or, plus d'une décennie à l'extérieur de Cuba, 11 années au Canada pour être précis, a changé l'homme.

En pleine tournée nationale, l'auteur-compositeur-interprète, excellent musicien de surcroît, présente ce soir le contenu de son troisième album (éponyme).

Les 13 chansons au programme nous ont déjà menés à ce constat: tout superflu a été éliminé. «Je sens la musique ainsi», exprime l'homme de 35 ans, interviewé plus tôt cet automne lors d'une escale promotionnelle.

 

«J'aime qu'une chanson soit succincte. L'expérience acquise m'a fait réaliser que moins, c'était mieux que trop. Souvent, j'ai joué avec d'excellents musiciens cubains qui «surjouaient» mes chansons parce qu'ils voulaient étaler leur technique. Mes chansons en souffraient. En surface, donc, c'est simple, alors qu'en dessous, c'est plus complexe. Ainsi, je m'adresse aux musiciens et aux non-musiciens. L'objectif n'est-il pas de joindre tout le monde?»

Chose certaine, c'est l'objectif assumé d'Alex Cuba. Son affaire marche rondement, il vient tout juste de remporter un prix de la SOCAN, lundi soir à Toronto. Ses talents de hitmaker ont été requis par nulle autre que Nelly Furtado, à qui Alex Cuba a offert son talent pour sept chansons de Mi Plan, album de la chanteuse vedette destiné au marché hispanophone.

Résidant de Smithers, une ville plantée au centre-nord de la Colombie-Britannique, Alex Cuba a fondé une famille de trois enfants avec son épouse anthropologue (et femme d'affaires). Non seulement s'est-il intégré à un nouvel environnement social, mais encore a-t-il refusé de transplanter sa culture musicale d'origine.

«Lorsque j'ai grandi, raconte-t-il, j'ai bien sûr écouté beaucoup de musique cubaine. Mais au Canada, j'ai écouté d'autres musiques qui m'ont fait réaliser à quel point le monde a rapetissé. Si j'étais resté à Cuba ou si j'avais émigré à Miami, je ne serais pas ce que je suis devenu. Dès les premiers instants de mon arrivée au Canada, je n'ai jamais eu peur de devenir quelqu'un d'autre.»

Ainsi, des éléments de rock, de funk ou de soul concourent à créer cette pop qui ne renie pas ses racines cubaines pour autant. Quelques titres en anglais en facilitent d'ailleurs la digestion. «C'est la première fois que j'estime avoir acquis assez de confiance pour m'exprimer dans ma langue d'adoption. D'autant plus que mes habiletés de chanteur ont aussi, je crois, atteint un niveau supérieur.»

Sur 22 chansons enregistrées pour son nouvel album, 13 ont été retenues. Les percussions et arrangements de cuivres (pour quatre chansons) ont été enregistrés à La Havane, le reste de l'album a été conçu au Canada.

Quelques exemples, Alex?

«Directo, la première au programme, est ma préférée, parce qu'elle est la plus simple de toutes. Elle n'a l'air de rien, mais sa progression harmonique en assure le décollage. Et elle donne l'impression que le tempo s'accélère.»

«Dans un rêve, j'ai entendu les riffs de Que Pasa Lola. Ça m'a carrément réveillé! Je me suis levé à 1h du matin, je suis sorti de chez moi en plein hiver, j'ai pris la voiture, me suis garé dans un stationnement et j'y ai reproduit ce que j'avais entendu en rêve.»

«Tierra Colora est une autre de mes préférées, c'est un véritable festin de musique: lounge-surf-punk-cubano-brésilien! J'en ai écrit le texte très rapidement pour n'en comprendre le contenu que trois jours plus tard et... réaliser que le sujet était en phase avec un bouquin que ma femme était en train de lire!»

Voilà autant d'exemples qui démontrent l'éclectisme d'Alex Cuba. «D'une certaine manière, j'ai transgressé une multitude de règles de la musique et la chanson cubaines. Là-bas, pourtant, on continue de m'aimer.»

On n'en doute pas un seul instant, et on sera au rendez-vous de ce soir, fixé par Alex Cuba et son trio.

Alex Cuba se produit vendredi soir, 20h, à L'Astral.