Il s'agissait bien sûr d'un spectacle parisien unique au milieu de la tournée française, mais jamais on n'avait vu le Bataclan - la salle de spectacle branchée de l'Est parisien - aussi plein à ras bord. À l'orchestre, on avait supprimé la totalité des fauteuils et plus d'un millier de fans d'Ariane Moffatt étaient serrés comme des sardines dans la chaleur. Ce qui n'enlevait rien à leur ardeur.

La chanteuse «aux accents groovy, électro ou trip-hop» - selon Le Nouvel Observateur - n'en est pas encore à faire courir les foules, mais elle a déjà ses fidèles, qui connaissent la plupart de ses chansons récentes et l'ovationnent volontiers. Un public jeune, majoritairement féminin, et manifestement branché - comme le Bataclan lui-même, mais aussi les médias qui depuis quelques mois la soutiennent.

Ariane Moffatt, qui a eu tout juste 30 ans au milieu de son expédition parisienne, est entrée de plain-pied dans la catégorie des chanteuses «non-conventionnelles». Non seulement parce qu'elle est à la fois interprète talentueuse, pianiste, auteur et compositeur, mais aussi parce qu'elle sait marier des textes personnels et intéressants avec des musiques teintées de jazz et de blues. Incidemment, elle a reçu en septembre le prix de la chanson française de la fondation Barrière, qui a déjà distingué à leurs débuts quelques super vedettes du genre Bénabar. En gros, la reconnaissance indéniable du milieu professionnel et le début d'un succès public.

Spécialiste des petites vacheries, Libération d'hier avait distingué Moffatt dans son très sélectif mémento du jour avec cette mention: «Chanteuse québécoise supportable.» Sur l'échelle de Richter des compliments Libé, il s'agit d'une note élevée.

Remarquée par les médias nationaux

Dès son apparition en France au début de l'année 2009, l'auteure de Je veux tout a été remarquée par les médias nationaux «de qualité». En janvier, Le Nouvel Obs lui consacrait une bonne demi-page et saluait la sortie de son album Tous les sens. Libération, en mai, notait qu'elle avait «enflammé la Maroquinerie» - petite salle pour débutants prometteurs. En juin, Le Matin (Suisse) estimait qu'elle «devrait conquérir l'Europe francophone» et conseillait aux lecteurs «d'écouter son disque, en boucle de préférence». Le Soir, principal quotidien belge, écrivait quelques jours plus tard: «Ce qui nous excite le plus à ces Francofolies de Spa, c'est le concert d'Ariane Moffatt, notre artiste québécoise du moment.» Aujourd'hui, un grand quotidien populaire français titrait: «Renversante Ariane Moffatt».

Au rayon médias, la consécration est venue il y a deux jours: Ariane Moffatt faisait la couverture du cahier Sortir de Télérama, hebdo culturel numéro un en France. En page intérieure, une double page dithyrambique: «Elle est la seule à si bien marier le souci du texte à celui de la musicalité, du rythme, de la modernité, de l'urbanité, de la sincérité.» Il y a dix jours, la chanteuse a également eu droit à un passage remarqué dans Taratata, la seule émission télé consacrée - en direct - à la chanson de qualité.

Résultat: la tournée de 17 dates qu'elle est en train de terminer a été couronnée de succès avec des salles de 350 spectateurs en moyenne. Et elle reviendra en mars prochain pour une autre petite tournée - et certainement une salle parisienne. Entre-temps, son morceau Je veux tout a largement tourné sur les radios généralistes. L'étape suivante: avoir une chanson sélectionnée par NRJ, le tout-puissant réseau de radios musicales en France. «Être choisi par NRJ, résume Stéphanie Moffatt, soeur et agent d'Ariane, c'est l'autoroute et nous n'y sommes pas encore tout à fait.» Mais l'entrée de l'autoroute est en vue.