Enregistré il y a déjà cinq ans, le concert qui réunissait Richard Desjardins et tout un orchestre symphonique sous la direction de Gilles Bellemare est enfin gravé sur CD. Bonne nouvelle: tant les fans de Desjardins que les amateurs de musique classique trouveront leur compte avec Richard Desjardins symphonique.

«La première fois que j'ai rencontré Gilles Bellemare pour parler du spectacle symphonique, c'était chez lui à Trois-Rivières, explique Richard Desjardins de Lyon, où il passait quelques jours, récemment. Il m'a fait écouter ce qu'il avait fait comme arrangements classiques pour Piaf et Brel. Après avoir écouté trois mesures, j'étais convaincu! Pis en plus, il fait du bon spaghetti...»

Et il fait de très, très belles orchestrations, Gilles Bellemare: écouter Richard Desjardins symphonique, c'est entendre Akinisi aux allures du Requiem de Berlioz, L'homme-canon devenu mozartien, Le bon gars très Gershwin, Le coeur est un oiseau façon Verdi... Pendant un an, Bellemare a travaillé d'arrache-pied pour composer ces arrangements splendides, au souffle souvent épique, qui donnent véritablement son sens à l'expression «poèmes symphoniques» ! Pour apprécier le travail, on vous recommande d'écouter l'album fort... Disons que la prise de son, assez exceptionnelle (et signée Richard Lavallée), n'a rien à voir avec l'acoustique extrêmement aléatoire du centre Pierre-Charbonneau, où le concert avait été présenté dans le cadre du Coup de coeur francophone, les 13 et 14 octobre 2004, devant 4200 spectateurs.

Quand on lui demande ce qui l'a le plus énervé, entre «casser» en public de nouvelles chansons seul à la guitare comme il l'a fait il y a quelques semaines au Medley ou chanter ses chansons accompagné par tout un orchestre symphonique, Desjardins n'hésite pas: «C'est l'orchestre symphonique, y a pas de doute. C'était épouvantable, la nervosité que j'ai ressentie quand on a fait les premiers spectacles. Imagine, ça fait 20 ans que je chante mes chansons, c'est comme des ornières dans lesquelles je roule sans problème... Mais là, avec l'orchestre symphonique, même les tempos étaient changés. C'est aussi pour ça que c'est un des plus grands, grands cadeaux de la vie que j'ai reçus, un moment de grâce, quelque chose que je n'avais osé espérer...»

Musiciens «domptés»

Bellemare avait posé une condition à Desjardins: pas de musiciens pop ou rock, pas de guitare ni de piano pour le grand blond au veston noir. L'orchestre ne sert pas ici de tapisserie musicale, à la différence d'autres expériences qui mêlent pop et symphonique. La pochette de l'album témoigne d'ailleurs de la chose: Desjardins a le regard fixé sur ses partitions, devant un lutrin, sous le regard et la baguette de Bellemare: «Les musiciens classiques, ils sont domptés comme des chiens d'aveugle. J'avais intérêt à faire pareil,» commente le chanteur en riant. Du concert d'origine, 70 minutes ont été retenues: certaines chansons ont été enlevées (notamment Le saumon). Mais Les Yankees, Notre-Dame des scories, Tu m'aimes-tu, Jenny, Miami, de même que les présentations les plus fortes de Desjardins y figurent.

Pour le plaisir de la chose, rappelons que le spectacle avait été enregistré deux semaines avant que Guy A. Lepage ne lance dans les coulisses du gala de l'ADISQ le Félix remporté par Richard Desjardins, absent. «Ben oui, c'est vrai, s'exclame le chanteur. Mais pour moi, c'est aussi l'année où le rapport Coulombe (commission d'étude sur la gestion des forêts) a été déposé. Grosse année...»

Depuis cette «grosse année», le concert «Desjardins symphonique» a été repris à quelques reprises, notamment trois fois en Europe, l'an dernier. «Et on va sans doute le refaire, se réjouit Desjardins. Aller au ciel, j'aime ça de temps en temps!»

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RICHARD DESJARDINS ET L'OSTR

RICHARD DESJARDINS

SYMPHONIQUE

DISQUES SRC/DEP