Faire du bruit, c'est bien. En faire devant un parterre d'influents acteurs de l'industrie de la musique mondiale, c'est encore mieux. Pour sa 4e présentation, l'événement-vitrine M pour Montréal propose une riche sélection d'artistes d'ici (et d'ailleurs, un peu), tous affamés de reconnaissance internationale.

Ce soir, demain et samedi, cinq lieux du centre-ville - le Métropolis, le Cabaret & Studio Juste pour rire, la Chapelle historique du Bon-Pasteur, le Café Campus et la SAT - accueilleront une sélection de musiciens, triés sur le volet, considérés comme d'aspirants représentants de la vitalité de la scène musicale québécoise à l'extérieur du pays. Dans la foule, en plus du chaleureux public montréalais, près d'une centaine de tourneurs, organisateurs de festivals, représentants de maisons de disques qui brasseront (ou non) de belles affaires.

«Ça va être un méga pow-wow de bonne musique, promet Sébastien Nasra, producteur, agent d'artistes, idéateur et organisateur de M pour Montréal. C'est quelque chose de voir les artistes se défoncer parce qu'il savent que, dans la salle, il y a tous ces gens de l'industrie» qui pourraient transformer leurs carrières respectives en les invitant à tourner en Europe, à participer à un festival majeur aux États-Unis, à lancer un album sur un label établi...

La cuvée 2009 est faste. Des noms: Final Flash, Marie-Pierre Arthur, Miracle Fortress, Elisapie Isaac, Silly Kissers, Malajube, Géraldine, Parlovr. Se joignent à eux quelques formations canadiennes, comme DD/MM/YYYY et, surtout, Fucked Up, récent lauréat du prix Polaris. «On a commencé l'an dernier à inviter des groupes de Toronto, par exemple, commente Nasra. Car, à ce rythme, je me demande si la production québécoise sera assez soutenue pour pouvoir organiser un tel événement chaque année.»

L'affiche de cette année prouve le contraire, mais pour Nasra, il est impératif que M pour Montréal et ses déclinaisons - M sur les quais l'été, M sur la route (lorsque l'affiche montréalaise investit d'autres importants rendez-vous de l'industrie) et Mini-M - maintiennent ce niveau de qualité pour séduire le premier public, celui des délégués internationaux. Qui, comme pour les artistes invités, sont aussi triés sur le volet.

«D'abord parce qu'on dispose d'un budget limité, mais surtout parce qu'on tient au modèle «small is beautiful». Ça contribue aussi au succès de l'entreprise, puisqu'on réussit à attirer ici des tourneurs ou des organisateurs de festivals qui, en même temps qu'ils découvrent nos talents, viennent se frotter à d'autres gens importants du milieu. Pour certains, par exemple, l'idée de passer un week-end leur permettant de discuter tranquillement avec Martin Elbourne du festival Glastonbury est alléchante.»

Cette année, en plus des délégués européens, l'accent a été mis sur les représentants des États-Unis et sur les agents d'artistes. Des délégués des festivals South by South West, Central Park Summer Stage, des médias spécialisés comme Brooklyn Vegan ou CMJ New Music Report y seront, ainsi que des agences parmi les plus importantes du monde, The Windish Agency (américaine) ou ATC Management (Royaume-Uni).

Les retombées, elles, sont tout de même difficiles à mesurer, concède Nasra. «Les agents des artistes québécois nous remercient pour le coup de pouce, mais souvent, le fruit d'une participation à M pour Montréal ne se récolte que des mois, voire des années plus tard.»

M pour Montréal est devenu une sorte de passerelle favorisant l'exportation des artistes qui profitent de l'appui «essentiel» des différents paliers de gouvernement. «Curieusement, tous nous aident, sauf la Ville de Montréal, déplore Nasra. Pourtant, chaque fois qu'on parle de l'événement, dans le Guardian de Londres, le Der Spiegel allemand, c'est le nom de la ville qui rayonne...»

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4e M pour Montréal, jusqu'à samedi. Infos: mpourmontreal.com