«La formule, très peu pour nous. Sur Prior to the Fire, on voulait hausser le niveau de nos compositions, sur le plan des structures notamment. Une façon de nous lancer un défi, et surtout de ne pas refaire le même disque», lance Mikey Heppner, premier guitariste et chanteur du groupe Priestess, joint à Toronto, la veille du lancement de l'album.

Fans du groupe, soyez avertis, Prior to the Fire n'est pas la suite, très attendue, du Hello Master qui a mis le son pesant et mélodieux du groupe sur la carte du hard rock et qui a permis aux quatre musiciens de faire le tour de la planète avec cette énergie qui fait le succès de leurs concerts. Parlons ici d'un nouveau départ pour le groupe, qui a dû composer avec un trop long délai avant que ce disque ne voie le jour: «Ça fait un an qu'il est enregistré, dit le chanteur. On a déjà fait deux tournées à jouer ces nouvelles chansons.»

Le premier disque, Hello Master, lancé en novembre 2005, présentait un joli paradoxe: classique dans sa forme musicale, moderne dans son approche, dans sa façon de remettre au goût du jour les références hard rock des années 70. Un disque farouche, accrocheur, puéril (c'est la voix presque adolescente de Heppner qui fait cet effet) et vigoureux. On y entendait la détermination de ces musiciens à vouloir faire du nom Priestess un incontournable de la scène hard rock, largement boudée par les médias, qui n'en avaient que pour l'indie rock. Médias ou pas, le groupe a trouvé son public, en partie parce que cinq extraits de cet album se sont retrouvés sur de populaires jeux vidéo, dont Lay Down, sur Guitar Hero III: Legends of Rock.

Ainsi, Priestess jongle bien avec les paradoxes. Tenez, voici le dernier: sans vouloir perdre de cette bonne humeur rock qui transpire de ses chansons, le groupe propose ici un rock résolument plus sombre et complexe. «On veut toujours avoir du fun, même si nos nouvelles chansons sont franchement plus compliquées et sérieuses. C'est notre personnalité, j'imagine. We still want to show our wacky side

Priestess est capable de tourner en première partie des loufoques bibites métal de G.W.A.R. (c'était le printemps dernier), mais est aussi attiré par le côté noir et plus cérébral de leur discipline. Cette fois, l'étiquette prog-métal lui colle bien à la peau. «Le prog, ça fait partie de mes racines. Le vieux prog classique, surtout.» Pour trouver la bonne sonorité, le groupe a fait appel au réalisateur David Schiffman (Mars Volta, System of a Down et plusieurs autres). «Gus (Van Go, réalisateur du premier disque) aimait nos nouvelles chansons, mais il n'aime pas le prog rock. Et ce n'est pas le genre de gars qui accepte n'importe quel projet - c'est tout à son honneur.»

Changement de label

Or, il fallait être sacrément convaincu pour en arriver à se lancer tête première dans un hard rock à la sauce prog, puisque ce changement de cap stylistique leur a fait perdre l'appui d'un major, RCA/BMG, qui a distribué Hello Master aux États-Unis (chez nous, c'est toujours Indica Records/Outside qui s'en charge).

«On se sent chanceux et soulagés d'avoir quitté RCA, explique Heppner. Franchement, je crois qu'on n'appartenait pas à la maison, c'est plus naturel d'être sur un label indépendant. RCA nous a aidés, nous avons atteint une certaine notoriété, les gens nous connaissaient, mais à l'échelle de ce major, nous étions minuscules. Le plus petit groupe du label. RCA, c'est American Idol - très loin de notre réalité.»

Les nouveaux contrats n'étant pas encore paraphés, on ne peut dévoiler le nom de l'heureuse étiquette américaine qui distribuera ce brûlot, dès le début de 2010. «Ce sera un label indépendant et intimement associé au rock et au hard rock», se borne à dire le chanteur.

D'ici là, Priestess aiguise ses couteaux dans une nouvelle tournée canadienne, qui se termine en décembre avec une incursion aux États-Unis, histoire de prendre le pouls de ses fans.

__________________________________________________

Priestess, au National, le 19 novembre, 21 h.