Constance et qualité, les deux qualificatifs qui évoquent la musique de ces vétérans de la scène folk-rock canadienne que sont les Cowboy Junkies. En concert à l'Astral les 18 et 19 novembre, le groupe de Toronto rodera quelques nouvelles chansons.

D'entrée de jeu, clarifions un point avec Michael Timmins, guitariste, principal compositeur du groupe et, bien entendu, frère du batteur Peter et de la chanteuse Margo. «Non non, il n'est pas question de faire un spectacle consacré à Trinity Sessions», album phare des Cowboy Junkies qui, plus de 20 ans après sa sortie, résiste encore admirablement aux modes.

«Oh! On en joue toujours plusieurs extraits durant nos concerts, c'est inévitable, corrige Michael. On parcourt toute notre carrière durant nos spectacles. D'ailleurs, il nous faudra penser à changer la sélection des chansons, puisqu'on joue deux soirs à Montréal.»

«Le concert spécial pour Trinity Sessions, on l'a fait il y a deux ans, à l'occasion de la sortie du documentaire Trinity Revisited, enchaîne le musicien. C'était plutôt bizarre, d'ailleurs, de faire ces concerts intégraux. Trinity Sessions, c'est un disque qu'on écoute dans le confort de notre salon, pas dans une salle de concert. En spectacle, ça coulait mal. J'aime bien l'idée qu'un groupe reprenne intégralement un album, comme ça semble se faire de plus en plus, mais seulement du point de vue du fan!»

La carrière des Cowboy Junkies a été profondément marquée par le succès de cet album qui, selon Timmins, a non seulement lancé le groupe, mais a aussi permis au clan de se faire remarquer par les fans, les collègues musiciens et l'industrie. «On ne s'en plaindra jamais. Mais c'est vrai qu'aujourd'hui encore, chaque fois qu'on lance un disque, celui-ci attire les comparaisons avec Trinity Sessions

Drôle de carrière à l'envers: le succès international survient au tout début, le reste de l'histoire des Cowboy Junkies servant à conforter la base de fans acquis. Tout ça semble aussi un peu injuste. À preuve, cet At the End of Paths Taken, superbe collection de chansons folk-rock modernes, qui n'a eu qu'un succès confidentiel, restreint au cercle des irréductibles.

Des mélomanes canadiens, surtout, présumons-nous. «Pas du tout, réagit Timmins. On passe plus de temps en tournée aux États-Unis qu'au Canada - même que nos spectacles à Montréal sont plutôt rares pour nous. Les États-Unis, puis l'Europe, c'est là qu'on donne le plus de concerts. C'est aussi aux États-Unis qu'on vend le plus d'albums».

Le dernier - At The End of Paths Taken, pas le Acoustic Junk de cette année vendu uniquement aux concerts - n'a pas atteint le Billboard, et c'est bien dommage. Articulé autour du thème de la famille, il s'agit d'un disque particulièrement adapté à ces belles journées dont l'automne nous fait cadeau. «C'est parce que ce disque, comme la plupart des autres d'ailleurs, a été écrit à l'automne! confie Timmins. Je crois que c'est typiquement canadien, comme manière de travailler: l'été, il fait trop beau, on donne des concerts plutôt que de travailler chez soi. Arrive l'automne, on écrit, puis on enregistre l'hiver...»

«Sur At The End of Paths Taken, je parle de la famille, mais surtout des générations. J'en suis à ce point de ma vie où mes parents vieillissent, ils arrivent à la fin de leur parcours, alors que mes enfants, eux, vont à l'école. J'ai le regard de l'homme au milieu, entre deux générations. C'est une réflexion sur le dialogue entre ces deux générations, sur la manière dont ils vivent ensemble».

L'album, aux guitares électriques sombres et planantes, est, comme toujours, habité par la présence vocale, reconnaissable entre toutes, de la soeur Margo.

«J'écris les mélodies et les textes des chansons. Lorsque la chanson est composée, et que Margo s'approprie le texte, j'entre dans une espèce de phase de dissociation. Comme si ce n'était plus ma chanson, mais celle du groupe, ou celle de Margo. Tout d'un coup, ça devient moins personnel. Au début, Margo écrivait quelques textes - sur Trinity Sessions, elle a coécrit Misguided Angel, par exemple. Mais elle n'est pas particulièrement attirée par ça, elle préfère les chanter.»

Les Cowboy Junkies, en concert à l'Astral les 18 et 19 novembre.