Alain Trudel a beau avoir dirigé des orchestres jusqu'à Vancouver et Tokyo, jamais il n'avait collaboré à une production de l'Opéra de Montréal. Ce sera chose faite ce soir, alors qu'il dirigera l'Orchestre Métropolitain et le Choeur de l'Opéra de Montréal dans La Flûte enchantée de Mozart.

Celui qui est aussi directeur musical de l'Orchestre Symphonique de Laval se dit très excité de faire ses débuts à l'Opéra de Montréal. Il a toujours adoré travailler avec des chanteurs, ce qu'il a fait souvent dans le passé.

Il a notamment dirigé l'opéra Hansel et Gretel à Toronto, ainsi que deux oeuvres à l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Montréal. Avec l'Orchestre Métropolitain, il a accompagné les finalistes en chant lors du Concours Musical International de Montréal, en mai dernier.

«Avec les instruments, on essaie d'imiter la voix humaine, dit-il. C'est une sorte de quête du Saint-Graal. Quand on a la chance de travailler avec de vraies voix, on s'approche encore plus de ce but ultime qui est de faire chanter l'orchestre et les instruments.»

Et l'opéra, mélange parfait entre le théâtre et la musique, est aussi «une excellente façon de passer une soirée», déclare en riant le jeune maestro, qui se décrit comme un être humain et un chef d'orchestre accessible et décontracté.

Les défis de Mozart et de l'opéra

Diriger l'orchestre dans un opéra est très différent de diriger un concert symphonique, explique Alain Trudel. «Pour l'orchestre, il faut que ce soit vraiment clair. Contrairement à un concert symphonique, il n'y a pas de marge de manoeuvre. Quant aux chanteurs, ils ont un million de choses à penser, de leurs déplacements sur scène à se mettre dans la peau de leur personnage.»

En tant que chef, son rôle est de transmettre à l'orchestre ce qui se passe sur la scène, et d'assurer que tout se tienne, non seulement sur le plan du tempo, mais aussi du point de vue du style. «On a de fantastiques chanteurs sur cette production, mais il faut quelqu'un pour assurer l'unité. C'est pour ça que je suis là.»

Dans le cas de Mozart, la tâche n'est pas aussi facile qu'elle en a l'air. «On dit toujours que Mozart est simple, mais en fait, c'est le compositeur le plus compliqué et le plus difficile à rendre, dit le chef. Sous ses dehors moqueurs et insouciants, La Flûte enchantée transporte un message fort et prenant, que l'on peut lire à plusieurs niveaux.»

Et l'essentiel de ce message, selon lui, c'est que l'amour et l'amitié triomphent. Il fait là une référence au voyage initiatique et aux épreuves que les personnages traversent ensemble tout au long de l'opéra.

La musique accessible à tous

Alain Trudel aime être près du public. Selon lui, la musique classique doit être accessible à tous. Et l'opéra aussi?

«Pourquoi pas, c'est une histoire! dit-il. C'est comme aller voir un film, sauf que c'est en direct, avec des surtitres. Surtout dans le cas de La Flûte enchantée, un conte où tout est possible!»

Cette philosophie est au coeur de ses nombreuses activités musicales. Avant les concerts de l'Orchestre Symphonique de Laval, il prend plaisir à venir parler au public pour expliquer les oeuvres et répondre aux questions.

«De cette façon, les gens ont l'impression de faire partie du concert. Ils se sentent dans le coup. En tant que musiciens, c'est notre travail d'aller vers les gens. Il ne faut pas rester dans notre tour d'ivoire! Ce n'est pas une question de vouloir être populaires, et il ne faut en aucun cas diminuer la qualité musicale de ce que l'on fait. La question est plutôt de partager ce que l'on aime avec le plus de gens possible.»