Alors comme ça, ils «suspendent» le Félix-hommage. Radio-Canada trouvait le Gala trop long, il fallait couper 50 minutes.

Le problème, c'est qu'on perd le seul prix qui allait au-delà de l'immédiat et des ventes de disques. Rendre hommage, c'est reconnaître que Rome ne s'est pas construite en un jour. Et que les vedettes d'aujourd'hui ne seraient probablement pas là si celles d'hier n'avaient pas ouvert le chemin. Suspendre le prix hommage, c'est suspendre une nécessaire perspective historique. Celle qui nous fait comprendre d'où l'on vient, à défaut de savoir où l'on va.

Décevant? Bien sûr. Mais à chaque chose malheur est bon. Cette pause permettra peut-être aussi à l'ADISQ de revoir la formule. Car le Félix-hommage n'était pas sans défauts, le plus gros étant de récompenser certains artistes prématurément, au détriment d'authentiques vétérans de notre showbiz.

 

Rendre hommage à Michel Rivard, Patrick Norman ou à Céline Dion, on n'a rien contre. Mais tous ces gens - pour méritants qu'ils soient - sont encore bien jeunes pour un tel honneur.

Pendant ce temps, les véritables pionniers attendent toujours d'être reconnus. Qu'on pense à Alys Robi, Michel Louvain, Monique Leyrac, Michèle Richard, entre autres. Sans eux, notre industrie du disque - celle-là même que prétend défendre l'ADISQ - ne serait pas la même aujourd'hui.

Souhaitons que l'idée fasse son chemin avant que tous ces gens aillent faire des disques avec Saint-Pierre. Avec un peu de chance, le Félix-hommage nous reviendra même peut-être sous un nouveau nom. On a déjà une suggestion: Je me souviens...