Venu à Paris pour jeter les bases d'une carrière internationale, Gregory Charles a passé haut la main lundi soir l'épreuve, toujours délicate, de la «première parisienne». La chose s'est passée le plus naturellement du monde au Théâtre Dejazet, place de la République, où le musicien et chanteur a été ovationné par un public visiblement impressionné.

Parmi les spectateurs se trouvaient des personnalités susceptibles d'alimenter un indispensable bouche à oreille : l'animateur de télévision et de radio Laurent Ruquier notamment, l'imitateur Laurent Gerra, Anthony Kavanagh, quelques humoristes, des producteurs.

Le Dejazet est une jolie salle à l'italienne de 400 places. Depuis le 29 septembre, Gregory Charles y a rodé son spectacle, rebaptisé Vous n'avez jamais entendu ça!. Le principe est le même qu'au Québec: dans la première partie, le chanteur, entouré de cinq musiciens et d'une choriste, se raconte en musique; dans la seconde, il répond aux demandes spéciales des spectateurs. La formule, éprouvée, a fonctionné à fond lundi soir. Obéissant aux consignes du chanteur, les personnalités rameutées par l'influent Gilbert Rozon ont joué le jeu jusqu'au bout, obéissant avec enthousiasme aux consignes du chanteur.

Pendant ce temps, le patron de Juste pour rire, qui gère la carrière internationale de Gregory Charles, faisait nerveusement les cent pas dans l'entrée du théâtre. Pour Rozon, le pari est considérable: il aurait investi environ 1,5 million $ dans la carrière française du chanteur québécois, qu'il dépeint comme un «véritable prodige, un génie, une bombe atomique».

«C'est la première fois que je vois un tel talent», répète-t-il sur tous les toits. Mais ce nouveau «Mozart» est encore un total inconnu en France, où il repart à zéro, avec pour seules armes «son talent et sa force de conviction» (doublés d'une grosse campagne d'affichage). «On ne peut pas l'envoyer à la télé, chez Drucker ou chez Sébastien. Ils ne vont pas lui donner une demi-heure pour montrer l'étendue de son talent», souligne le producteur.

Pour le faire connaître, Gilbert Rozon mise donc sur la bouche à oreille. «Il y a déjà un petit buzz, juge Rozon, dont on connaît le flair. Ça frémit. Maintenant, il faut souffler sur les premières flammes pour que ça prenne.» Gregory Charles est à l'affiche du Dejazet jusqu'au 14 novembre. Si le succès se confirme, il y aura des supplémentaires, puis une grande salle parisienne dans quelques mois avec, en parallèle, d'éventuelles ouvertures en Grande-Bretagne et ailleurs en Europe.

«On a mis toutes les chances de notre côté. On a été très rigoureux», assure Gilbert Rozon. Gregory Charles a énormément travaillé lui-aussi, écoutant des centaines de chansons françaises pour pouvoir faire face aux demandes spéciales.