La critique a toujours été bonne pour Catherine Durand, une artiste qui sait mettre les «vilains» journalistes de son bord en raison de la qualité de sa musique et de celle de ses spectacles.

Elle a su imposer son genre folk aux accents country. Ce qu'elle considère comme une victoire. «Une mauvaise critique, je ne sais pas c'est quoi, avoue l'auteure-compositrice-interprète, presque gênée, en entrevue avec La Voix de l'Est. A chaque fois que je lis un papier flatteur, je me dis que je vais finir par recevoir le pot à un moment donné. Je sais que ça va arriver, mais je dis toujours à mes amis journalistes de ne pas se presser non plus!»

Il se dégage de Catherine Durand une douceur et une chaleur particulières. «J'aime la scène, j'aime le contact avec le public. Et je suis contente de ne pas être super populaire car ça me permet de jouer dans de petites salles, là où il est tellement plus facile de connecter avec les gens. Un spectacle, c'est un artiste et sa musique, mais c'est aussi une ambiance, un univers.»

En riant, elle confiera qu'elle doit toutefois se botter le derrière, à l'occasion, avant de prendre la route.

«J'aime la scène, mais la route, les tests de son et tout ce qui entoure un spectacle, j'aime moins. Mais une fois le show commencé, je trippe fort!»

Catherine Durand a encore frappé dans le mille avec «Coeurs migratoires», son dernier opus, qui est en nomination à l'ADISQ dans la catégorie du meilleur album folk contemporain. A chaque fois qu'elle propose un nouveau disque, elle gagne de nouveaux fans.

Elle en a cependant gagné plusieurs en peu de temps, le printemps dernier, lorsqu'elle a fait la première partie de la série de spectacles de Francis Cabrel au Québec. Le défi était de taille, mais elle a su le relever avec brio.

«Lorsque Paul Dupont-Hébert (qui travaille avec Cabrel et avec elle) m'a demandé si j'étais intéressée à faire la première partie de Francis, j'ai bien sûr dit oui, raconte-t-elle. Il y avait quand même loin de la coupe aux lèvres puisque Francis devait d'abord écouter ma musique, lui qui avait le dernier mot dans le choix de l'artiste qui allait le précéder sur scène. Mais quand Paul m'a appelé pour me dire que Francis avait adoré ce qu'il avait entendu, je n'en revenais pas. Ensuite, j'ai fait de mon mieux et ça a l'air que ça a été apprécié.»

Apprécié par Cabrel, d'abord, qu'elle ne voulait surtout pas décevoir. Et ensuite par les fans du Français qui ont rempli le Théâtre Saint-Denis et le Grand théâtre de Québec.

«J'ai vendu beaucoup d'albums lors des spectacles et j'ai reçu de nombreux courriels via mon site Internet. L'impact a été important. Encore l'autre jour, il y a un monsieur qui est venu à mon spectacle en me disant qu'il m'avait découverte grâce à Francis.»

Catherine a beau aimer faire les petites salles qui favorisent le contact avec le public, elle n'a pas détesté faire le Saint-Denis. Elle n'a pas détesté dormir dans des hôtels quatre étoiles non plus.

«Ca a été le traitement royal tout au long de la tournée. Agréable, je dois dire...»

Catherine Durand a fait partie du jury de la finale du 41e Festival de la chanson. En voyant ces artistes rêver d'une belle carrière, mais pour qui absolument rien n'est assuré, elle s'est sentie privilégiée.

«Je suis chanceuse car je réussis à gagner décemment ma vie avec ma musique, explique-t-elle. Certains sourient quand je dis ça, mais je connais des musiciens de grand talent qui ont besoin d'une vraie job pour joindre les deux bouts. En plus, l'industrie vit des temps difficiles, ce n'est pas facile pour personne. Oui, je me sens privilégiée...»

Elle gagne sa vie avec sa musique, mais elle jouit également d'une liberté artistique dont seuls profitent les artistes qui ont fait leur preuve.